Les États-Unis ont annoncé mardi l'envoi de renforts policiers et judiciaires à la frontière mexicaine pour éviter un débordement de la violence due aux cartels, dans le cadre d'une révision de leur stratégie anti-drogue qui vise aussi à endiguer la consommation.

«Nous prenons des mesures des deux côtés de la frontière, en travaillant avec nos partenaires mexicains, pour soutenir la lutte du gouvernement mexicain contre les violents cartels de la drogue et réduire le trafic dans les deux directions», a indiqué la Maison-Blanche dans un communiqué annonçant la nouvelle stratégie du président Barack Obama pour le Mexique.

«Le ministère de la Justice, le ministère de la Sécurité intérieure et le département du Trésor augmentent leur présence en personnel et leurs efforts» à la frontière, a poursuivi l'administration.

La guerre entre les cartels mexicains, qui se battent pour le contrôle du trafic de drogue vers les États-Unis, premier client mondial de la cocaïne, se concentre à la frontière, dans le nord du pays.

Selon les autorités mexicaines, les violences liées au narcotrafic ont provoqué la mort de plus de 5300 personnes dans l'ensemble du pays en 2008, malgré les 36 000 militaires et policiers déployés contre eux depuis deux ans par le gouvernement.

L'agence américaine de lutte contre le trafic de drogue et le Bureau fédéral américain de l'alcool, du tabac et des armes à feu seront également dotés de plus de personnel, ajoute le document qui précise qu'un bureau spécial de la police fédérale (FBI) sera mis en place.

Dans le cadre de ces renforts, dont le nombre total n'est pas précisé, le ministère de la Sécurité intérieure va doubler ses effectifs pour le maintien de l'ordre et tripler le nombre de ses experts en renseignement.

Les États-Unis vont également investir 700 millions de dollars en 2009 pour travailler en collaboration avec le Mexique à un plan antidrogue approuvé par le Congrès en 2008.

Cette révision de la stratégie américaine intervient à la veille d'une première visite de la secrétaire d'État Hillary Clinton au Mexique et alors que le président Barack Obama doit s'y rendre les 16 et 17 avril.

Ce dernier «est inquiet de l'augmentation de la violence, en particulier (dans les villes frontalières) de Ciudad Juarez et Tijuana», selon la Maison-Blanche.

Selon des experts, le nouveau président se démarque de son prédécesseur George W. Bush en insistant sur la nécessité d'endiguer la consommation dans son propre pays.

L'administration Obama «voit cela comme une responsabilité partagée et considère qu'il faut que nous agissions sur la consommation, l'argent et les (trafics) d'armes de notre côté de la frontière. Je pense que c'est un changement d'axe», a indiqué à l'AFP Andrew Selee, directeur du Mexico Institute au Woodrow Wilson Center.

Pour autant, l'administration s'interroge sur l'efficacité du mur d'un millier de kilomètres le long de la frontière, approuvé sous l'administration Bush. «Un mur n'est pas le meilleur moyen» pour limiter le narcotrafic, a déclaré mardi la secrétaire à la Sécurité intérieure Janet Napolitano.