Le soutien de Washington à une déclaration des Nations unies sur les droits des homosexuels a été salué mercredi par leurs défenseurs, qui risquent en revanche de devoir patienter avant que le président Obama force comme promis l'armée à ouvrir officiellement ses portes aux gays.

Après le blocage de l'administration Bush, les Etats-Unis vont finalement se joindre aux 66 pays signataires de cet appel lu le 18 décembre aux Nations unies par la France, qui réaffirme «le principe de non-discrimination», «indépendamment de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre».

Cette décision n'aura pas de conséquence juridique aux Etats-Unis, a prévenu un porte-parole du département d'Etat, Robert Wood.

Elle demeure toutefois un pas encourageant pour les partisans aux Etats-Unis de l'abandon d'une loi très controversée permettant aux gays et lesbiennes d'intégrer les forces armées à condition de garder sous silence leur identité sexuelle.

«Cette décision est la bienvenue. C'est un signal positif montrant que l'administration Obama est prête à oeuvrer en faveur de l'égalité pour les homosexuels», se félicite Paul DeMiglio, porte-parole du Réseau de défense juridique des militaires (SLDN), une association qui milite pour la fin de la discrimination envers les homosexuels dans l'armée.

Mais, prévient-il, «la question de la loi "Don't ask Don't tell" («Ne rien demander, ne rien dire») est un peu différente car elle exige que le président travaille avec le Congrès» pour l'abroger, explique-t-il.

Depuis l'adoption de cette loi en 1993, environ 13.000 soldats ont été renvoyés parce qu'ils avaient évoqué leur homosexualité ou qu'ils avaient été dénoncés, selon le SLDN.

Mais mettre fin à cette règle risque de prendre du temps, malgré une promesse de campagne de Barack Obama, alors que la nouvelle administration est confrontée à d'autres priorités, comme le sauvetage de l'économie ou la guerre en Afghanistan.

«J'ai eu une brève conversation avec le président à ce sujet. C'est une question dont nous parlons avec l'amiral Michael Mullen (le chef d'état-major américain) et ces discussions se poursuivent», a commenté mercredi le secrétaire à la Défense Robert Gates, sans plus de détail.

La représentante de Californie (ouest) Ellen Tauscher a introduit début mars à la Chambre un projet de loi qui vise à remplacer l'actuelle loi par une «politique de non-discrimination sur l'orientation sexuelle».

«Il est temps de permettre à l'armée de recruter et conserver tous les personnels qualifiés qui souhaitent servir leur pays quelle que soit leur orientation sexuelle», affirme-t-elle.

Mais son texte ne pourrait être déposé au Sénat qu'«après le printemps», reconnaît le SLDN, qui espère un vote cette année.

Et Ellen Tauscher ne pourra pas mener le combat en personne: elle a annoncé mercredi qu'elle allait quitter le Congrès pour rejoindre le cabinet d'Hillary Clinton au département d'Etat.

La frange conservatrice de la classe politique américaine ainsi qu'une partie de la communauté militaire risquent de faire de la résistance.

«L'acceptation totale des conduites homosexuelles aurait un effet négatif sur les forces armées», et «nous perdrions beaucoup de précieuses recrues», assure Elaine Donnelly, dont l'association «Center for Military Readiness» affirme promouvoir «des normes élevées et de bonnes priorités pour les hommes et femmes en uniforme».