En procédant à sa première nomination à vie dans une cour d'appel fédérale, le président américain Barack Obama a donné mardi le premier signe de la manière dont il entendait dessiner la carte judiciaire américaine, en dépassant les clivages partisans.

La nomination de David Hamilton, 52 ans, actuellement en poste au tribunal fédéral de première instance de l'Indiana, en tant que juge à la cour d'appel de Chicago, qui couvre les Etats de l'Illinois, du Wisconsin et de l'Indiana (nord), a été encouragée par les deux sénateurs, républicain et démocrate, de l'Indiana.

«Cette nomination marque un engagement à choisir des juges qui aborderont chaque affaire avec l'esprit ouvert et prendront des décisions équitables», s'est réjouie l'association spécialisée Alliance for Justice dans un communiqué.

Elle a insisté sur l'«expérience exemplaire» et les «excellentes qualifications» de ce juge diplômé de l'université de Yale et présenté comme un modéré en raison des différentes positions qu'il a prises pendant sa carrière.

En tant que juge fédéral en effet, M. Hamilton a autorisé la police à utiliser une caméra de surveillance pour filmer des trafiquants de drogue dans une chambre d'hôtel sans mandat mais aussi condamné à de lourdes peines de prison et d'amendes des hommes d'affaires véreux.

Le juge s'est également opposé à une loi de l'Indiana imposant aux femmes un rendez-vous avec un médecin 18 heures avant d'avorter, qui les obligeait à faire le trajet deux fois vers l'hôpital. Il a encore confirmé une ordonnance de l'Etat imposant le consentement des parents pour que les enfants aient accès à des jeux vidéo très violents ou au contenu sexuel explicite.

«Le juge Hamilton a une longue et impressionnante expérience et son histoire est faite de savoir-faire et de décisions judicieuses», a déclaré Barack Obama mardi dans un communiqué.

M. Obama va devoir procéder dans les prochains mois à 15 nominations en cour d'appel, des postes particulièrement prestigieux puisque les cours d'appel façonnent la loi américaine.

Alors que les pratiques de George W. Bush, qui a appointé en huit ans 316 juges dans les tribunaux et cours d'appel fédéraux - dont deux à la Cour suprême - ont été très critiquées, la nomination de M. Obama a été applaudie mardi par les défenseurs des droits de l'homme et les élus démocrates.

Les choix de M. Bush se sont portés presque exclusivement sur des juges particulièrement conservateurs et se faisaient, dans les derniers temps du moins, sans recherche d'un consensus politique.

A peine élu, M. Bush avait annoncé onze nominations d'un coup lors d'une cérémonie en grande pompe, une manière selon les observateurs de signaler sa volonté de charpenter à son idée la justice fédérale américaine. Finalement, plus de la moitié des juges fédéraux américains se situent aujourd'hui du côté droit de l'échiquier politique.

«Après l'approche partisane et de nature à diviser du président Bush, j'apprécie le sérieux du président Obama dans sa sélection», a commenté dans un communiqué Patrick Leahy, président démocrate de la commission des Affaires judiciaires du Sénat.

Il s'est enthousiasmé pour l'«engagement constructif» du président avec les sénateurs démocrate et républicain de l'Indiana qui ont annoncé soutenir la confirmation de M. Hamilton par le Sénat dans un communiqué commun à celui de M. Obama.

Selon la revue spécialisée National Law Journal, huit des treize cours d'appel pourraient basculer dans le camp progressiste pendant son mandat. En tout, les Etats-Unis comptent 179 juges de cour d'appel.