La commission du Renseignement du Sénat américain a annoncé jeudi qu'elle allait entreprendre un examen des pratiques de détention et d'interrogatoires de la CIA, pour pourvoir les remodeler pour l'avenir.

«Le but est de revoir les pratiques et de jeter les bases des politiques d'interrogatoires et de détention pour l'avenir», a indiqué la commission jeudi dans un communiqué.

Selon ce communiqué, les sénateurs de cette commission spéciale dédiée au monde du renseignement, envisagent de comprendre «comment la CIA a créé, fait fonctionner et maintenu ses pratiques d'interrogatoires et de détention», et «comment la CIA jugeait qu'un détenu possédait des informations importantes».

Les parlementaires chercheront également à savoir «si la CIA a informé correctement les autorités sur la détention et les interrogatoires, (...) dont la commission du Renseignement du Sénat», et «si la CIA a mis en place ces pratiques conformément à des instructions officielles».

La commission procédera également à «une évaluation des renseignements obtenus grâce à des techniques modifiées, puis grâce à des techniques ordinaires».

Le travail des sénateurs se déroulera en parallèle avec une autre étude conduite par la Maison Blanche, précise encore le communiqué du Sénat.

Il faudra «environ une année» aux sénateurs pour boucler leurs travaux.

L'étude se fondera sur des témoignages officiels et des documents classés et les auditions de la commission ne seront pas ouvertes au public.

L'information avait été dévoilée vendredi dernier dans la presse américaine, qui citait des sources anonymes. La commission avait ensuite confirmé, sans faire d'autres commentaires.

«Ce sera un examen (des pratiques) et non une enquête, et son but sera seulement une recherche des faits afin d'en tirer les leçons», avait dit à l'AFP une source au Sénat, excluant une finalité judiciaire à l'étude.

Selon d'anciens responsables de l'agence de renseignement, les méthodes musclées et la simulation de noyade ont fourni des informations qui ont permis d'éviter plusieurs attentats aux Etats-Unis depuis le 11 Septembre.

Parallèlement, le Congrès est actuellement en plein débat sur l'opportunité de créer une «commission vérité» afin d'enquêter sur les libertés que l'administration Bush a pu prendre avec la loi après le 11 Septembre dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme».

Le directeur de la CIA, Leon Panetta, fraîchement nommé par la président Barack Obama, a indiqué jeudi dans une note aux collaborateurs de la CIA qu'il avait eu une conversation concernant l'étude avec la sénatrice démocrate Dianne Feinstein, présidente de la commission du Renseignement et le sénateur républicain Kit Bond, le vice-président.

«Ils m'ont assuré que cette étude est une façon pour la commission d'évaluer les leçons apprises de ces pratiques au moment où notre gouvernement dessine les contours d'une nouvelle politique d'interrogatoires», a-t-il dit.

«La CIA (...) va coopérer avec le Congrès», a-t-il affirmé. «Je ne soutiendrai pas une enquête destinée à punir ceux qui ont agi conformément aux demandes du ministère de la Justice», a-t-il ajouté en précisant que Mme Feinstein et M. Bond lui ont indiqué que tel n'était pas le but de leur étude.

«Sous cette administration, les directives pour la détention et les interrogatoires ont été bien précisés par un décret du président: nous nous en tiendrons au manuel de l'armée», a-t-il précisé.

Le manuel de l'armée de Terre américaine interdit explicitement l'usage de la torture pendant les interrogatoires de prisonniers.