La petite école en briques rouges a vu défiler des générations d'Américains depuis qu'elle a ouvert ses portes en 1911. Mais l'établissement primaire de Middleburg (Virginie) risque de ne pas survivre à la crise économique qui oblige de nombreuses collectivités à fermer des écoles pour cause de restrictions budgétaires.

Aux Etats-Unis, les écoles publiques primaires et secondaires relèvent des comtés et celui de Loudoun économisera 2,5 millions de dollars s'il ferme l'école de Middleburg et une poignée d'autres établissements.

«L'économie est par terre, l'ère du boom est terminée et il faut faire des choix difficiles», explique le porte-parole des écoles du comté, Wayde Byard, qui admet qu'une telle issue lui fait mal au coeur, lui qui a grandi aussi dans une petite école de campagne.

Le directeur de l'école, Gary Wilkers, n'a pas encore osé parler de la menace qui se profile aux 85 élèves âgés de 5 à 11 ans.

«Ce n'est pas la peine de les effrayer en leur disant que leur école ne sera plus là l'année prochaine», explique-t-il. «Une crise budgétaire, pour eux, ça n'est pas facile à comprendre».

Pour la maire Betsy Davis, l'école primaire est «le joyau de la couronne» de la petite ville aux maisons en briques nichée au milieu des champs vallonnés qui rappellent l'Angleterre.

A Washington, le président Barack Obama a placé l'éducation parmi les priorités du budget 2010 qu'il a présenté jeudi. Selon ce projet, l'administration fédérale va dépenser plus de 90 milliards de dollars pour l'éducation au cours des deux années qui viennent, en plus des 81 milliards déjà prévus dans le plan de relance adopté au Congrès mi-février.

«Dans notre histoire, les écoles du pays, du primaire à l'université, ont toujours été la porte d'entrée dans la classe moyenne et vers une vie meilleure pour des millions de gens», a souligné le président.

Mais face à la baisse des recettes fiscales, les efforts de l'administration risquent de ne pas suffire pour sauver Middleburg ni des centaines d'autres institutions scolaires américaines qui s'apprêtent à fermer leurs portes et à renvoyer les enseignants. Ces derniers n'ont pas le statut de fonctionnaire et n'ont pas d'emploi à vie aux Etats-Unis.

A Chicago, les autorités de la troisième ville du pays ont décidé cette semaine de fermer 16 écoles, soit parce qu'elles n'ont pas assez d'élèves, soit parce que les résultats de ces derniers sont insuffisants.

Dans le centre du pays, l'Etat du Missouri a suggéré à ses écoles de n'ouvrir que quatre jours par semaine afin de faire des économies.

Une telle mesure est déjà en place dans la ville de Bisbee, en Arizona, où elle doit permettre d'éviter de licencier les enseignants. Les autorités locales auraient économisé 700.000 dollars en fermant le lycée de la ville à la fin de l'année scolaire en cours.

Dans le comté de Fayette, en Géorgie, les autorités ont même décidé qu'une école primaire qu'elles venaient de faire construire pour 10,6 millions de dollars n'ouvrirait pas ses portes.