Des avocats ont défendu lundi en Californie la position du gouvernement américain dans une affaire de détention secrète de la CIA, à la colère de défenseurs des droits de l'homme pour qui Barack Obama poursuit la politique de George W. Bush en la matière.

Examinée lundi matin par une cour d'appel à San Francisco, cette procédure a été lancée il y a deux ans au nom de cinq hommes victimes présumées de ces pratiques, mais rejetée l'année dernière, après que l'administration Bush eut invoqué le secret d'Etat.

La puissante Association américaine de défense des libertés civiles (ACLU) affirme que les cinq hommes ont été «enlevés et transférés en secret dans des prisons dirigées par des agences de renseignement américaines ou étrangères en dehors des Etats-Unis, où ils ont été interrogés sous la torture».

Après le rejet de la plainte, l'ACLU avait fait appel et prévenu que le réexamen de cette affaire constituerait un test pour l'administration du nouveau président Obama.

Ce dernier a signé dès le début de son mandat un décret interdisant la pratique de la torture et ordonnant la fermeture des prisons secrètes de la CIA.

Mais les avocats du gouvernement ont indiqué lundi que leur position restait inchangée et que l'administration s'opposait à ce que l'affaire aboutisse à un procès.

«Cette affaire ne peut pas être jugée», a déclaré Douglas Letter, l'un des avocats du gouvernement, assurant que «les juges ne devraient pas jouer avec le feu sur ce sujet relevant de la sécurité nationale».

Le défenseur de l'ACLU, Ben Wizner, qui représentait les cinq hommes lundi, s'est déclaré déçu par ce refus.

«Aujourd'hui, l'administration (Obama) a bloqué la voie aux victimes de la torture pour qu'elles puissent obtenir justice», a déploré Me Wizner à l'issue de l'audience.

«Et si ces mots dans le décret (présidentiel) ne peuvent pas être appliqués, alors il est très vraisemblable que ces abus se poursuivront», a-t-il ajouté.

La plainte visait expressément une filiale de Boeing, Jeppesen Dataplan, accusée d'avoir permis à la CIA, en toute connaissance de cause, d'effectuer des vols pour transférer ces hommes dans le cadre de son programme de détention secrète.

«Nos clients n'ont pas demandé à être enlevés, enchaînés au plancher d'avions, se faire mettre des couches et être transportés dans un pays étranger», avait auparavant affirmé Me Wizner devant les juges de la Cour.

«Si vous confirmez (la décision de première instance), les plaignants se verront refuser justice pour toujours», a prévenu l'avocat.

Les juges n'ont pas pris de décision dans l'immédiat.