«Nous nous engagerons. Nous écouterons. Nous consulterons.» Le vice-président américain Joe Biden a affirmé samedi à Munich la volonté des Etats-Unis de donner un «nouveau ton» à leur diplomatie, après l'élection de Barack Obama.

«Je viens en Europe au nom d'une nouvelle administration déterminée à donner un nouveau ton à Washington et dans les relations de l'Amérique avec le monde», a-t-il dit lors de la 45e conférence sur la sécurité à Munich. «Ce nouveau ton, enraciné dans un partenariat étroit afin de faire face aux défis communs, n'est pas un luxe. C'est une nécessité.»

Joe Biden a promis que les Etats-Unis s'écarteraient de la politique du cavalier seul. «Les menaces auxquelles nous sommes confrontés ignorent les frontières. Aucun pays, aussi puissant soit-il, ne peut y répondre seul», a dit le vice-président américain.

«Nous pensons que les alliances et les organisations internationales ne diminuent pas la puissance de l'Amérique, elles nous aident à faire progresser notre sécurité collective, nos intérêts économiques et nos valeurs», a-t-il souligné.

Et le vice-président de promettre écoute et dialogue: «Donc nous nous engagerons. Nous écouterons. Nous consulterons. L'Amérique a besoin du monde, tout comme, je crois, le monde a besoin de l'Amérique. Mais je dis à nos amis que les alliances, les traités et les organisations internationales que nous construisons doivent être crédibles et efficaces».

Joe Biden s'est également adressé au monde musulman pour lui présenter la nouvelle approche américaine basée sur la lutte contre les extrémistes mais l'ouverture à tous les autres. «Nous ne croyons pas au choc des civilisations», a-t-il dit. «Dans le monde musulman, un petit nombre d'extrémistes violents sont au-delà de tout appel à la raison. Nous les vaincrons. Mais des centaines de millions de coeurs et d'esprits partagent les valeurs qui nous sont chères. Nous irons à eux.»

Exemple de cette nouvelle politique, désormais «les Etats-Unis ne tortureront pas» et «nous fermerons le camp de Guantanamo». Joe Biden a d'ailleurs demandé l'aide de l'Europe pour accueillir d'anciens prisonniers du camp.

S'il a encouragé les Alliés à apporter leurs «idées» pour résoudre le dossier afghan, Joe Biden est resté vague sur la question du renforcement des contingents européens. Dans la matinée, le secrétaire général de l'OTAN Jaap de Hoop Scheffer avait pourtant dénoncé les réticences allemandes et françaises à envoyer davantage de troupes face aux talibans. «Du coup, les appels à ce que la voix de l'Europe soit entendue à Washington risquent de sonner un peu creux», avait-il prévenu.

Concernant le dossier nucléaire iranien, Joe Biden a assuré que son pays était «prêt à parler avec l'Iran», qu'il a placé «devant un choix très clair»: «soit vous continuez dans votre chemin, et il y aura des sanctions», soit «il y aura une incitation réelle à la négociation». Nicolas Sarkozy, lui, s'est montré plus ferme: le lancement d'un satellite par l'Iran est une «extrême mauvaise nouvelle», a-t-il estimé. «On n'a qu'une seule solution, c'est de renforcer les sanctions contre l'Iran», a-t-il tranché.

Le vice-président américain a également tendu la main à la Russie. «Les Etats-Unis rejettent la notion selon laquelle tout gain pour l'OTAN est une perte pour la Russie ou selon laquelle la force de la Russie est une faiblesse de l'OTAN», a-t-il souligné. ôôIl est temps de remettre les compteurs à zéro. (...) Les Etats-Unis et la Russie ont un devoir spécial à prendre la tête des efforts internationaux pour réduire le nombre d'armes nucléaires dans le monde.»