Sang-froid et efficacité. Tant dans le cockpit de l'avion US Airways 1549 que dans les tours de contrôle, les communications ont été brèves et concises et le ton calme et sans appel avant l'amerrissage de l'Airbus dans les eaux du fleuve Hudson, le mois dernier à New York.

Les transcriptions entre les contrôleurs aériens et le pilote dans l'après-midi du 15 janvier dernier ont été rendues publiques hier par la Federal Aviation Administration (FAA). Le premier signe de détresse parvient à 15h27, alors qu'un contrôleur aérien donne une indication à l'avion qui vient de décoller de l'aéroport LaGuardia avec 155 passagers et membres d'équipage à bord. Le pilote Chesley B. Sullenberger III s'identifie comme «Cactus 1549», cactus étant l'appellation de US Airways. Le numéro du vol, 1549, est parfois mal identifié, le pilote et le contrôleur le nomment parfois 1539 ou 1529.

 

«Ici... euh... Cactus 1539. Avons percuté des oiseaux. Nous avons perdu les deux moteurs. Nous retournons à LaGuardia.» Le contrôleur répond aussitôt. «OK, oui, vous devez revenir à LaGuardia, virez à gauche vers... euh... la piste 220.»

Le contrôleur ordonne alors à la tour de contrôle de suspendre tous les décollages. À 15h28, il propose une autre piste au pilote. «Nous en sommes incapables. Nous allons peut-être finir dans l'Hudson», répond le pilote. Le contrôleur propose une autre piste. Le pilote décline, mais ajoute: «Avez-vous quelque chose au New Jersey, peut-être Teterboro?»

Le contrôleur contacte la tour de contrôle de l'aéroport Teterboro pour préparer l'atterrissage d'urgence. Pendant ce temps, un appel est lancé à l'Autorité portuaire de New York.

«OK, écoutez... euh... nous allons vous dire quelque chose d'important. C'est Cactus 1549. Nous voyons quelque chose à basse altitude au-dessus du fleuve Hudson (...). OK? Vous allez devoir... euh... alerter l'Autorité portuaire de New York et du New Jersey.»

À 15h29, le contrôleur informe le pilote que Teterboro l'attend. «Nous ne pouvons nous y rendre», dit rapidement le pilote, alors que des sons stridents parviennent de la cabine. «OK, quelle piste voulez-vous à Teterboro?» demande le contrôleur. «Nous serons dans l'Hudson», dit le pilote. «Pardon, vous voulez répéter, Cactus?»

S'ensuit un silence sur les ondes. Le contrôleur revient une quinzaine de secondes plus tard pour dire qu'il a perdu le signal radar, il propose même au pilote de se rendre à l'aéroport de Newark, non loin. Un autre pilote intervient. «Je pense qu'il a dit qu'il s'en allait dans l'Hudson.»

À 15h30, l'avion est dans l'eau. Les coordonnateurs de LaGuardia contactent leurs collègues de l'aéroport John F. Kennedy pour joindre un hélicoptère de la police. «Vous trouvez n'importe qui, vous l'envoyez au tunnel Lincoln, nous avons un Airbus Cactus dans l'eau.»

Les contrôleurs, loin de l'action, ne peuvent plus rien pour le vol 1549. Il n'en savent plus rien non plus. Mais à 15h55, l'Autorité portuaire informe LaGuardia que les secours sont sur place. «Nous avons des survivants, nous les repêchons», avant d'ajouter: «Il y en a beaucoup.» En fait, il n'y a aucune victime. «Merci beaucoup», dit le contrôleur. «L'avion flotte encore», dit l'Autorité portuaire. «Merci infiniment», répond le contrôleur. «De rien. Au revoir.»