Barack Obama envoie ce week-end à Munich son vice-président à la tête d'une délégation d'un niveau peut-être sans précédent pour signaler que les Etats-Unis écoutent leurs partenaires, à l'heure d'élaborer une nouvelle politique étrangère très attendue.

Le numéro 2 américain Joe Biden prononcera samedi devant la conférence sur la sécurité dans le sud de l'Allemagne ce qu'un responsable de l'administration décrit comme «le premier grand discours de politique étrangère de la Maison Blanche».

Au moment où M. Obama a fort à faire pour combattre la crise économique aux Etats-Unis, M. Biden «soulignera la vision de la politique étrangère et de la sécurité nationale que cette administration apporte avec elle sur la scène mondiale», selon ce responsable sous couvert de l'anonymat.

Il s'agit de rappeler la volonté de multilatéralisme de M. Obama. Ce responsable dissimule à peine qu'il s'agit aussi de rompre avec le passé, après les années Bush marquées par la guerre en Irak et achevées dans les crispations américano-russes.

M. Obama veut faire passer ce message: les relations avec l'Europe sont «toujours capitales pour cette administration», et réparer les liens dégradés avec certains pays, développer les relations existantes avec les autres est une chose qu'elle prend «très au sérieux, parce qu'il n'y a virtuellement aucun problème dans le monde que l'Amérique ne puisse résoudre par elle-même», dit-il.

Si les rapports avec des alliés traditionnels se sont rétablis depuis l'Irak, des responsables ne réfutent pas que la Russie est présente dans bien des esprits américains avant Munich.

«Oui, la Russie fait partie de l'Europe et nous considérons nos relations avec la Russie comme très importantes», souligne le même responsable.

M. Obama envoie à Munich son vice-président mais aussi son conseiller à la sécurité nationale, le général James Jones, et son envoyé spécial pour l'Afghanistan et le Pakistan, Richard Holbrooke. Le général David Petraeus, commandant les forces militaires américaines de la Méditerranée à l'Afghanistan, est également annoncé.

Une incertitude demeure sur la délégation russe.

Mais M. Biden aura des entretiens bilatéraux en marge de la conférence et des discussions américano-russes paraissaient plausibles.

Face aux conjectures sur une annonce destinée par exemple à apaiser la Russie, les responsables américains disent ne pas se rendre à Munich pour claironner de nouvelles politiques. M. Biden ne fait pas non plus le déplacement pour «conclure des accords» lors de ses entretiens bilatéraux.

Ils disent qu'il s'agit davantage de souligner la communauté d'intérêt face aux grands défis internationaux, de rappeler les grands principes de M. Obama comme le refus de choisir entre la sécurité des Etats-Unis et leurs valeurs, de «donner le ton» des rapports à venir et de «partir du bon pied».

M. Biden devrait souligner la nécessité pour la communauté internationale de redoubler d'efforts en Afghanistan, une des grandes priorités internationales de M. Obama.

Cependant, si la diplomatie vis-à-vis de l'Iran est elle aussi réexaminée, il ne faut pas compter sur des entretiens entre M. Biden et le président du parlement iranien Ali Larijani par exemple.

«Il n'est pas prévu de rencontrer quiconque venu d'Iran», ajoute le responsable américain, mais «s'ils se croisent dans un couloir, je n'y pense pas, je ne sais pas».

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