La guerre des mots fait rage dans les médias américains entre conservateurs et militants de gauche, en dépit des efforts du président Barack Obama pour tenter d'imposer un cessez-le-feu dans la politique américaine.

Alors que le gigantesque plan de relance de l'économie peine à passer le barrage du Congrès, victime des attaques de l'opposition républicaine, les hostilités sont ouvertes sur les ondes entre le très conservateur roi de la controverse Rush Limbaugh et les groupes de pression de centre-gauche.

L'animateur Limbaugh, dont l'émission de radio attire près de 14 millions d'auditeurs par semaine, a déclaré la guerre au nouveau pouvoir en déclarant lors de l'investiture du nouveau président: «J'espère qu'il échouera».

Des organisations progressistes regroupées sous la bannière «Americans United for Change» (AUFC, les Américains unis pour le changement) ont répliqué par un spot publicitaire de 600 000 dollars prenant pour cibles treize sénateurs républicains opposés au plan de relance.

«Nous pouvons comprendre pourquoi un extrémiste comme Rush Limbaugh veut que le programme du président Obama échoue», proclame le spot radio, baptisé «Rush vers l'échec» dans un jeu de mot avec le prénom de l'animateur. «Mais les parlementaires élus pour représenter les citoyens ? C'est une autre affaire», poursuit la publicité, encourageant les électeurs à appeler leur sénateur et «lui dire qu'il vous représente -- pas Rush Limbaugh».

Obama lui-même, qui avait promis de gouverner au delà des clivages partisans et a recruté trois républicains dans son cabinet, a été entraîné dans la mêlée et aurait averti ses opposants qu'ils devaient s'élever au-dessus des polémiques de Limbaugh.

Très consensuel, le nouveau président ne cesse de répéter qu'en période difficile pour l'économie nationale, la classe politique doit se rassembler autour du plan de relance.

Enclin à alimenter une tempête nationale, l'animateur ultra-conservateur a dit son mépris à ses opposants démocrates dans son émission mais aussi dans les pages du très respectable Wall Street Journal.

«Je ne crois pas que son plan soit un plan de relance -- je ne pense pas qu'il stimule quoi que ce soit d'autre que le Parti démocrate», a-t-il écrit dans le quotidien des finances.

«Cette cochonnerie de plan est conçue pour réparer la perte d'influence du Parti démocrate dans les années 1990 et cimenter le pouvoir de la majorité pour des décennies», a estimé l'animateur radio le mieux payé des États-Unis.

Le porte-parole d'AUFC, Jeremy Funk, a expliqué que la publicité de son organisation visait à accroître la pression sur les républicains au Congrès afin qu'ils se rallient au plan de relance, évalué à près de 900 milliards de dollars.

«Le président Obama fait tout ce qui est en son pouvoir pour tendre la main. Mais ils lui ont mordu la main. Et que lui ont-ils donné ? Rien», dénonce M. Funk, après l'adoption du plan de relance à la Chambre des représentants, sans aucun vote républicain.

Michael Harrison, rédacteur en chef du magazine Talkers, juge que ce débat «a donné une plus grande importance à Limbaugh (...) et amoindri celles et ceux qui devraient avoir une position supérieure d'hommes politiques».

«Limbaugh et les gens de son espèce ont pris le contrôle des voix les plus influentes de la droite républicaine, à cause du manque d'autorité dans le parti lui-même», a-t-il dit.