Le gouvernement du nouveau président américain Barack Obama, bien que très discret au Forum de Davos (Suisse), alimente nombre de débats parmi les dirigeants du monde entier, partagés entre l'espoir de meilleures relations et les incertitudes sur ses projets.

«Nous sommes prêts à travailler avec vous comme partenaires, à vous écouter, même et surtout quand nous sommes en désaccord», a déclaré l'unique représentante officielle américaine à Davos, Valerie Jarrett, une conseillère de la Maison Blanche sans grande notoriété internationale.

L'absence des gros contingents habituels de dirigeants américains n'a pas découragé les Premiers ministres russe Vladimir Poutine et chinois Wen Jiabao, le chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki comme son homologue irakien Hoshyar Zebari et de nombreux autres de former le voeu d'entretenir de bonnes relations avec Washington.

Tout en laissant aussi entendre, avec des motivations diverses, qu'ils jugeraient M. Obama sur pièces.

Enthousiaste, le Premier ministre du Kenya -patrie d'origine du père de M. Obama- a déclaré que «les Kenyans, comme le reste du monde, avaient été électrisés par la campagne» victorieuse du premier président noir des Etats-Unis.

M. Poutine a espéré plus sobrement une «relation constructive» avec Washington, et souhaité à la nouvelle administration de «réussir», tandis que M. Wen a appelé le nouveau gouvernement américain à la «coopération» plutôt qu'à la «confrontation».

Les deux dirigeants se sont toutefois aussi livrés à un réquisitoire en règle pour dénoncer la responsabilité américaine dans la crise économique planétaire, laissant entendre que ni Pékin ni Moscou n'accepterait de leçons de bonne gestion de la part de Washington.

M. Mottaki, dont le pays entretient depuis près de trente ans des relations exécrables avec le «Grand Satan» américain, s'est aussi engagé à une approche «constructive» de Téhéran avec l'administration Obama. A condition toutefois qu'elle change sa politique au Proche-Orient.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a lui aussi plaidé pour que «le président Obama redéfinisse le terrorisme et la liste des organisations terroristes au Moyen-Orient», et a appelé de ses voeux une nouvelle politique américaine dans la région.

M. Zebari de son côté n'a pas caché que le retrait des troupes américaines d'Irak promis par M. Obama soulevait aussi quelques inquiétudes pour la stabilité du pays. Il s'est toutefois félicité des assurances «qu'il n'y aurait pas de désengagement trop important ou trop rapide» des Américains.

Le ministre afghan de la Défense, Abdul Rahim Wardak, a salué la volonté de M. Obama de mater l'insurrection des talibans en Afghanistan, tout en soulignant «qu'il n'y avait pas de perspective de victoire uniquement militaire» dans son pays.

Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, s'est félicité lui aussi de la «nouvelle ère» qui s'ouvre à Washington. Mais il a aussi confirmé que Paris n'avait pas pour projet de renforcer son contingent militaire en Afghanistan, comme va très probablement le demander M. Obama à ses alliés.

Visiblement soulagé par le changement à Washington, le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed Elbaradei, dont les relations avec George W. Bush étaient empreintes de méfiance, a salué la volonté de M. Obama «de promouvoir un monde sans armes nucléaires».

Il a toutefois admis que «cela n'allait pas se faire du jour au lendemain».