L'Association américaine de défense des libertés publiques (ACLU) a demandé mercredi au ministère de la Justice que soient publiés «le plus tôt possible» les «mémos secrets qui ont servi de base juridique» aux politiques controversées d'anti-terrorisme sous George W. Bush.

L'ACLU a adressé une lettre au bureau de conseil juridique du ministère, une instance qui fournit des conseils à l'ensemble du gouvernement américain et à ses agences. Elle y affirme que «publier ces mémos permettrait au public de mieux comprendre sur quelle base juridique s'appuyaient les politiques de sécurité nationale de l'administration Bush».

L'association a précisé dans un communiqué qu'il existait des «dizaines de mémos» concernant notamment les techniques d'interrogation, les conditions de détention ou la surveillance.

S'ils sont rendus publics, ces mémos montreraient comment l'administration Bush avait par exemple prévu une argumentation juridique pour que les détenus de Guantanamo ne bénéficient pas des Conventions de Genève ou que certaines méthodes d'interrogatoire ne puissent être comparées à de la torture.

Selon le site d'information américain Propublica qui les a listés, ces mémos argumentent également sur le pouvoir de l'administration à interpréter les textes internationaux ou sur le programme de surveillance électronique mis secrètement en place après le 11 septembre 2001, à la demande de George W. Bush et qui avait fait scandale lors de sa révélation en 2005.

Ils représentent une mine de preuves pour les associations de défense des droits de l'homme qui souhaitent amener les hauts responsables de l'administration Bush devant les tribunaux.

«Publier ces mémos enverraient également un signal aux Américains et au monde que vous entendez tourner la page d'une ère dans laquelle le bureau de conseil juridique n'a pas agi comme une source objective de conseils mais comme une aide aux mauvais agissements de l'exécutif», poursuit l'ACLU dans sa lettre.

Au surlendemain de sa prise de fonction, Barack Obama a signé deux décrets par lesquels il ordonnait la fermeture d'ici un an de la prison de Guantanamo, et la fin des techniques d'interrogatoire controversées.