Le communiqué, à la fois concis et vague, est tombé sur les fils de presse dans la nuit de mercredi à hier, après une folle soirée de rumeurs, de démentis et de confirmations plus ou moins fiables.

«J'ai informé aujourd'hui le gouverneur (de New York) David Paterson que je retirais ma candidature au Sénat des États-Unis pour des raisons personnelles», a écrit Caroline Kennedy, qui briguait depuis la mi-décembre le siège de l'État de New York laissé vacant par Hillary Clinton au Sénat.

La fille de John Kennedy n'a pas davantage explicité sa décision, qui a pris tout le monde au dépourvu. Âgée de 51 ans, l'avocate de formation était considérée comme la grande favorite pour succéder à l'ex-première dame des États-Unis dans la fonction de sénatrice de New York.

Le gouverneur Paterson, à qui revient la responsabilité de nommer le successeur d'Hillary Clinton, devrait faire connaître son choix ce midi. Selon la presse new-yorkaise, il aurait jeté son dévolu sur Kirsten Gillibrand, une élue de la région d'Albany qui siège à la Chambre des représentants depuis 2007.

Quoi qu'il en soit, la confusion entourant ce dossier a valu au gouverneur d'être fortement critiqué au cours des dernières heures. Certains élus new-yorkais ont utilisé les mots «cirque» ou «fiasco» pour qualifier la situation.

Un proche du gouverneur démocrate a envenimé les choses hier en confiant aux médias new-yorkais, sous le couvert de l'anonymat, que la candidature de Kennedy avait été écartée en raison des problèmes de celle-ci avec le fisc et avec une employée domestique. Il a ajouté que le gouverneur n'avait jamais eu l'intention de choisir Kennedy, ne la jugeant pas qualifiée pour occuper le poste de sénatrice. L'entourage de Caroline Kennedy a nié cette version des faits, affirmant que le gouverneur avait en définitive arrêté son choix sur celle-ci et que son équipe prévoyait tenir une conférence de presse à la fin de la semaine pour en faire l'annonce.

«Ce genre de calomnies discrédite le processus et les personnes impliquées», a déclaré Stefan Friedman, porte-parole Kennedy, en parlant des déclarations anonymes du camp Paterson.

Un proche de Kennedy a par ailleurs soutenu que les raisons personnelles invoquées par la candidate n'étaient pas de nature à la disqualifier.

Le mystère entretenu sur ces raisons personnelles n'a pas empêché hier les médias new-yorkais d'évoquer divers scénarios explicatifs. Le Daily News a notamment publié sur son site internet un article faisant état du refus du mari de Caroline Kennedy, Edward Schlossberg, de voir sa femme quitter New York pour Washington.

«Il lui a dit qu'elle détruirait leur mariage si elle déménageait à Washington», a confié un proche de Kennedy au Daily News.

Selon d'autres journalistes new-yorkais, la décision de Caroline Kennedy de retirer sa candidature n'avait peut-être qu'un seul but: sauver la face à la veille de l'annonce du choix du gouverneur David Paterson.

Plusieurs sondages publiés en décembre ont indiqué que Caroline Kennedy était la favorite du public new-yorkais pour succéder à Hillary Clinton. La cote de popularité de la fille de JFK a cependant chuté après qu'elle eut donné une série d'entrevues où elle a peiné à justifier sa candidature.

Les plus récents sondages ont révélé qu'Andrew Cuomo, fils de l'ancien gouverneur de New York Mario Cuomo et actuel ministre de la Justice de l'État, était désormais le candidat favori des New-Yorkais pour occuper le siège d'Hillary Clinton. Celle-ci a complété hier sa deuxième journée comme secrétaire d'État.