L'amiral à la retraite Dennis Blair, désigné par le président Barack Obama pour diriger le renseignement américain (DNI), a rejeté jeudi l'usage de la torture ainsi que les écoutes extrajudiciaires, deux pratiques reprochées au renseignement sous l'ère Bush.

«La torture est illégale, immorale, et inefficace», a-t-il déclaré lors de son audition devant la Commission sénatoriale du renseignement, qui devait valider sa nomination.

Le Manuel de l'armée de Terre américaine, qui interdit la torture, «sera révisé pour devenir un manuel à la fois pour les militaires et la communauté du renseignement», a-t-il précisé.

Au nom de la guerre contre le terrorisme lancée après le 11-Septembre par le président George W. Bush, la CIA, principale agence américaine de renseignement chapeautée par le DNI, a reconnu avoir eu recours à la simulation de noyade («waterboarding»), une pratique généralement considérée comme de la torture.

L'amiral Blair a par ailleurs assuré être opposé aux écoutes téléphoniques effectuées sans mandat, alors que les services de renseignement américains avaient mis en place pendant l'administration Bush un programme controversé d'écoutes extrajudiciaires.

«Je ne soutiens pas et je ne soutiendrai pas des activités de surveillance contournant sans autorisation légale les méthodes établies», a-t-il assuré.

Il s'est dit favorable au contrôle régulier du Congrès «pour éviter les abus et protéger la vie privée et les libertés civiles».

«Les agences de renseignement des États-Unis doivent respecter la vie privée et les libertés civiles du peuple américain, et doivent respecter la loi», a-t-il insisté.

Pendant que se tenait cette audition, le président américain Barack Obama a décrété jeudi la fermeture du centre de détention de Guantanamo d'ici un an, et imposé que les États-Unis se conforment aux conventions de Genève sur les prisonniers de guerre.

Dennis Blair a par ailleurs souligné que les actions antiterroristes devaient être accompagnées d'efforts diplomatiques, en estimant que le renseignement américain devait «pourchasser les terroristes» menaçant les États-Unis, mais aussi «soutenir les dirigeants politiques cherchant à travailler avec les dirigeants arabes et musulmans qui aspirent à un avenir de paix pour leur religion et leur pays».

L'amiral s'est enfin engagé à fournir une «analyse indépendante» au président Barack Obama, alors que certains dénoncent la politisation croissante du renseignement.

Dennis Blair devrait hériter d'un poste créé après les attentats du 11 septembre 2001, avec pour mission de chapeauter l'ensemble de la communauté américaine du renseignement, dont la CIA.

Il doit succéder à Mike McConnell, également ancien amiral, qui avait pris la direction du Renseignement américain en février 2007. Il était le second responsable à occuper ce poste.