Tout juste avant la prestation de serment de Barack Obama, le pasteur californien Rick Warren a prononcé une courte prière. En apparence anodine, cette prière a pourtant soulevé les passions ces dernières semaines.

C'est que le pasteur Warren dirige une méga Église évangélique, Saddlechurch, qui milite contre le droit à l'avortement et le mariage gai. Lui-même a publiquement appuyé la «proposition 8» en Californie, un référendum qui a réussi à inscrire l'interdiction du mariage gai dans la Constitution de l'État. Des organismes de défense des droits des homosexuels ont d'ailleurs manifesté à Washington lundi lorsqu'il a prononcé un sermon sur Martin Luther King.

 

Le pasteur Warren est aussi attaqué par ses collègues évangéliques, parce qu'il a à plusieurs reprises depuis 2006 permis à M. Obama de s'exprimer dans son église. Sa participation à l'inauguration a été décriée par la droite religieuse comme un appui tacite aux mouvements pro-choix et homosexuel.

Finalement, la prière d'hier n'a pas fait de vagues. Le pasteur Warren s'est limité à réclamer «davantage de civilité quand nous différons d'opinions». Selon les commentateurs, c'est une allusion à sa conviction que le mouvement pro-vie peut, à court terme, travailler de concert avec le président Obama pour réduire le nombre d'avortements par l'éducation plutôt que par des restrictions juridiques, sur la base du slogan de Bill Clinton: «L'avortement doit être sûr, légal et rare.» Durant la campagne électorale, M. Obama s'est déclaré pro-choix mais a ajouté que «prétendre que l'avortement n'est pas une question morale est une erreur».

La prière du pasteur Warren a toutefois soulevé une petite controverse parce qu'elle utilise entre autres des termes tirés du Coran pour désigner Dieu et Jésus. Sur le site du magazine Christianity Today, des lecteurs ont souligné que le Coran n'accepte pas la divinité et la résurrection de Jésus.

Pour contrebalancer le choix du pasteur Warren, l'équipe de transition a invité un vétéran des campagnes pour les droits civiques des Noirs, le pasteur méthodiste Joseph Lowery, qui est en faveur de l'ordination de prêtres homosexuels (contrairement au pasteur Warren), à prononcer la bénédiction après le discours du président Obama. Et deux ecclésiastiques «libéraux», l'évêque anglican gai Gene Robinson et Sharon Watkins, la seule femme à diriger une Église protestante d'envergure (les Disciples du Christ), ont prononcé des sermons durant des cérémonies officielles dimanche et aujourd'hui.