Mettre un terme à la crise économique, rétablir l'autorité du pays dans le monde: des Américains, mais aussi des étrangers, formulaient mardi aux États-Unis de fortes attentes envers Barack Obama, sans se faire d'illusions sur l'immensité de la tâche.

À Washington, où M. Obama a prêté serment peu après midi comme 44e président des États-Unis, David Cole explique espérer du premier président noir des États-Unis qu'il unisse la nation, répare le système économique, développe les technologies vertes et assure la sécurité du pays.

Mais il reconnaît qu'un tel changement «ne va pas s'effectuer du jour au lendemain». «C'est une occasion formidable, mais il se retrouve face à une tâche énorme», poursuit M. Cole. «Nous devons le laisser souffler un peu. Il ne peut pas marcher sur les eaux. Ça va prendre du temps».

À New York, Roy Byrd compare la journée de mardi à une «fête d'anniversaire des États-Unis». Comme un millier de personnes, ce sexagénaire a bravé le froid glacial pour assister à la retransmission de la cérémonie d'investiture sur un écran géant placé sur le campus de l'université de Columbia.

«Regardez dans la foule (à Washington): tous ces visages différents. Ce n'est pas seulement magnifique, cela illustre la notion de rassembler des personnes (d'origines) diverses. Avec Obama, c'est quelque chose auquel nous pouvons croire», dit-il.

«Pour lui, le plus dur va être de transformer cette euphorie en action», prévient M. Byrd.

«Ce que je veux qu'il répare, c'est le système éducatif», lance Nefertete Davis, une étudiante en droit de 23 ans venue spécialement de Floride à Washington pour l'occasion, accompagnée de sa mère Ophelia. Cette dernière, 62 ans, veut quant à elle que le nouveau président réforme le système de santé.

Également arrivé de Floride, Joe Marques brandit avec des amis une bannière «Cubains pour Obama». Le nouveau locataire de la Maison-Blanche, dit-il, «va changer l'état des choses avec Cuba», sous embargo américain depuis près d'un demi-siècle à la suite de la révolution castriste.

«C'est ce que nous voulons, nous voulons du changement à Cuba, de la démocratie à Cuba, Obama peut vraiment faire la différence avec Cuba, pas comme (l'ancien président George W.) Bush», assure ce jeune homme de 25 ans.

Des étrangers présents au milieu des millions d'Américains fêtant leur nouveau président faisaient écho à la liesse et à l'espoir suscités par M. Obama.

«Nous espérons de meilleures choses pour Obama et le monde, de meilleures relations. Il peut être un vrai dirigeant», avance Jacqueline Stoff, une étudiante française de 21 ans, en expliquant avoir retardé son retour dans son pays pour assister à l'investiture.

«Demain, je rentrerai chez moi heureuse et pleine d'espoir», poursuit-elle.

Mêmes espérances chez Juan Guerrero, un Équatorien lui aussi présent mardi à Washington, et qui veut croire que M. Obama va réussir à faire cesser la crise économique mondiale, tout en promouvant les relations avec la communauté internationale.

«Je lui demanderais de réparer l'économie, mais de ne pas oublier les affaires étrangères», insiste-t-il: «je pense que si vous vous entendez bien avec vos voisins, l'économie se rétablira».

Pedro Guttierez, un avocat mexicain de 33 ans, lui aussi parmi la foule du Mall, l'immense esplanade du centre de Washington, dit s'être senti obligé de participer à un «jour historique». Mais interrogé sur ce qu'il attend d'Obama, il répond prudemment: «beaucoup, peut-être trop».