«Le fils d'un père qui ne pouvait pas s'asseoir dans un restaurant ségrégé il y a 60 ans prend devant vous aujourd'hui ce serment sacré. Inscrivons ce jour dans nos mémoires pour nous rappeler qui nous sommes. Pour nous rappeler tout le chemin parcouru.»

Barack Obama vient d'accepter la présidence avec un vibrant discours teinté à la fois d'idéalisme et de pragmatisme. «Le monde a changé, et nous devons changer avec lui. (...) L'importance du gouvernement est indéniable. Mais ultimement, l'Amérique dépend de la foi et de la détermination de ses citoyens», a-t-il lancé sur les marches du Capitole, d'un ton ferme et résolu. Devant lui, une marée humaine s'étirait sur des centaines et des centaines de mètres. On estime à deux millions le nombre de personnes qui assistaient à l'événement historique. Le 44e président des États-Unis a reconnu que le pays traversait une crise économique majeure, causée par «la cupidité et l'irresponsabilité de certains». Une crise à laquelle s'ajoutent entre autres les problèmes du système de santé et d'éducation, ainsi que le bourbier irakien. 

«Les indicateurs de cette crise sont mesurables, a-t-il lancé. Ce qui est moins facilement mesurable mais tout aussi profond, c'est notre confiance sapée. C'est notre crainte que le déclin de l'Amérique ne soit inévitable, et que la prochaine génération ne doive baisser ses attentes.» 

On ressentait plus la rupture que la transition. Pendant que le président Obama parlait des ponts à reconstruire, les caméras montraient celui qui a laissé ce lourd héritage, George W. Bush.

M. Obama a parlé de l'importance de créer des emplois et de stimuler la croissance, notamment en investissant dans les infrastructures. Il a aussi insisté sur la nécessité de revaloriser la science et de miser sur les énergies renouvelables. «Tout ceci, nous pouvons le faire. Et nous le ferons», assurait-il avant d'appeler ses concitoyens à retrousser leurs manches pour rebâtir le pays. Lui-même donnait l'exemple. Son discours s'attardait surtout aux défis à venir, même s'il a commenté plutôt rapidement la signification  historique de son accession au pouvoir.

Le président a défendu sa vision du rôle de l'État, fondée plus sur le pragmatisme que la théorie. «La question n'est pas de savoir si le gouvernement est trop grand ou trop petit. Elle est de savoir si le gouvernement fonctionne. S'il permet aux familles de trouver des emplois payés décemment, de se payer des soins de santé et une retraite digne.»

Coopération et fermeté

En campagne électorale, Obama disait qu'il était prêt à occuper un poste resté vacant depuis trop longtemps, celui de leader du monde libre. Il entend maintenant remplir ce rôle en brandissant à la fois la carotte et le bâton. «Je dis au monde musulman: nous cherchons un nouveau chemin, basé sur nos intérêts mutuels et sur le respect mutuel.» Parallèlement à cet appel à la coopération, il s'est montré déterminé à défendre la sécurité les États-Unis. «Nous n'allons pas nous excuser de notre façon de vivre. Nous n'hésiterons pas non plus à la défendre. (...) L'Amérique triomphera de ses adversaires.