Les festivités marquant l'investiture de Barack Obama ont pris un tour plus grave lundi, jour férié annuel placé sous le signe du bénévolat en hommage au dirigeant noir Martin Luther King.

A la veille de devenir le premier président noir des Etats-Unis, Barack Obama a rendu visite à des blessés à l'hôpital militaire Walter Reed, dans la banlieue de Washington, qui avait défrayé la chronique pour les conditions de logement déplorables des malades.

Il a ensuite retroussé ses manches pour repeindre un mur en bleu dans Sasha Bruce House, un foyer pour sans-abri et adolescents, où il a été suivi par une nuée de journalistes et de badauds prenant des photos avec leurs téléphones portables.

En jean et bras de chemise, M. Obama est monté sur une échelle pour accrocher des rideaux et a peint un mur au rouleau.

Dans un communiqué, il a rendu hommage à Martin Luther King en promettant que son investiture permettrait de «renouveler la promesse» du rêve américain.

«Demain, nous nous rassemblerons et ne ferons qu'un, sur l'esplanade où le rêve de (Martin Luther) King continue de résonner. Par cela même, nous reconnaissons qu'ici en Amérique, nos destins sont inextricablement mêlés», a-t-il indiqué.

La journée d'hommage à Luther King, assassiné en 1968 après avoir lancé le mouvement d'égalité des droits, est traditionnellement consacrée aux bonnes causes aux Etats-Unis. Elle a pris un tour particulier cette année à la veille de l'investiture historique de M. Obama, issu d'un couple mixte.

Selon un sondage CNN/Opinion Research publié lundi, 69% des noirs Américains considèrent que le «rêve» d'égalité entre les races de Martin Luther King est devenu réalité.

Les réjouissances devaient reprendre dans la soirée avec un bal inaugural dont les enfants seront les héros, avec la participation de Michelle Obama et Jill Biden, l'épouse du vice-président élu.

Barack Obama, qui a fait de la coopération avec l'opposition républicaine un de ses chevaux de bataille, devait faire une apparition à trois dîners consécutifs: l'un en hommage à Colin Powell, l'ancien héros de la guerre du Golfe devenu le premier Noir à diriger la diplomatie américaine lors du premier mandat de George W. Bush, le second en l'honneur du concurrent malheureux de M. Obama au scrutin présidentiel, John McCain, et le troisième en l'honneur du vice-président élu Joe Biden.

Au lendemain d'une journée d'embouteillages monstres dus à un concert gratuit sur le Mall, l'immense parc du centre de Washington où se déroulent les festivités, la capitale retenait son souffle avant la journée de mardi, qui promettait des encombrements bien pires.

Les centaines de milliers d'Américains venus des quatre coins du pays pour ce long week-end profitaient de la journée pour découvrir les musées de la capitale et ses centres commerciaux dans une atmosphère bon enfant.

Une petite foule était rassemblée devant la Maison Blanche pour photographier la future résidence de la famille Obama.

Plus loin, des marchands ambulants étalaient leur marchandise commémorative: assiettes en porcelaine, casquettes, briquets et même désodorisants de voiture décorés du portrait du nouveau président, ou encore t-shirt proclamant «J'ai vécu l'Histoire».

Torrey Pocock, 38 ans, est venu de Los Angeles pour célébrer la victoire sur le racisme que représente l'élection de M. Obama, bien qu'il ait toujours voté républicain. «Que ce pays, avec son histoire, ait placé sa confiance dans un président noir, c'est incroyable», s'enthousiasme-t-il.

Parmi les invités de dernière minute figure l'équipage du vol 1549 d'US Airways qui a réussi à amerrir d'urgence jeudi sur l'Hudson à New York, sauvant les 155 personnes à bord.