Le pire, pour Chantelle Batman, c'était la peur. Pas n'importe quelle peur, mais quelque chose d'effroyable et de difficile à décrire. «Imaginez la fois où vous avez eu le plus peur de votre vie, puis multipliez par mille.»

Cette peur, la jeune femme l'a vécue pendant plus de sept mois, 24 heures sur 24. Ça se passait à Al Assad, en Irak. Chantelle s'était enrôlée dans l'armée pour payer ses études, juste avant que les États-Unis ne lancent leur offensive contre l'Irak. À 20 ans, elle a été parachutée dans une grande base aérienne attaquée de toutes parts.

 

Même si elle n'a pas perdu de camarades et n'a jamais été blessée, les roquettes qui explosent, ça laisse des traces. «Des blessures, j'en ai ici», dit-elle, l'index pointé vers sa tête.

Désorientée, accablée par des cauchemars, Chantelle a commencé à se poser des questions sur le but de cette guerre, dont elle paie encore le prix. «Quand j'ai juré de servir mon pays dans l'honneur, j'y croyais vraiment, dit-elle. Mais la guerre en Irak n'a rien d'honorable.»

Chantelle a fini par se joindre aux Vétérans contre la guerre, qui appellent les États-Unis à retirer leurs troupes d'Irak. Elle partage une maison avec d'autres vétérans en périphérie de Washington. L'arrivée au pouvoir de Barack Obama lui donne espoir que cette guerre prendra bientôt fin. C'est en tout cas ce qu'a promis le nouveau président. Mais encore faut-il qu'il le fasse.

Et puis il n'y a pas que l'Irak. Chantelle est toujours réserviste. Récemment, son unité a été «réactivée».

Cela signifie qu'elle pourrait être renvoyée au front. Cette fois, ce ne serait pas en Irak, mais en Afghanistan. Or, contrairement au nouveau président, Chantelle croit que la présence militaire américaine en Afghanistan n'est pas plus défendable que la guerre en Irak. «Combien de pays encore allons-nous détruire avec l'excuse du 11 septembre?» demande-t-elle.

Chantelle a la peau foncée. Quand Barack Obama a été élu, le 4 novembre dernier, elle a pleuré d'émotion. «Comme femme afro-américaine, j'étais très émue. Mais comme soldate opposée à la guerre, je ne peux qu'être sceptique.»