Qu'il soit d'abord dit que le Lincoln Memorial fait une scène magnifique, très solennelle. On se serait cru à l'opéra.

Et c'est cette image que l'on retiendra du concert We Are One dans cette capitale finalement moins froide que les indices météorologiques le laissaient supposer avant le début du spectacle, vers 14h30: le «Boss» Springsteen reprenant sa mission pro-Obama jusqu'aux marches du monument.

Guitare au cou, une chorale gospel derrière lui, il a chanté The Rising, réflexion post-11 septembre devenue chant de ralliement de la campagne Obama.

Le Boss est revenu à la fin du concert avec son ami Pete Seeger, héros folk américain qui a fait de sa vie un engagement politique. Ensemble, avec ces centaines de milliers de gens, ils ont chanté This Land is Your Land, du grand Woodie Guthrie.

On n'entendait alors plus l'orchestre militaire, ni la chorale, ni la voix noueuse mais toujours vibrante de Seeger. On n'entendait que la clameur d'une foule qui semblait reprendre sa destinée en main. Tous ne faisaient qu'un, indeed. Un grand moment.

On dit qu'il devait y avoir près de 500 000 spectateurs devant le Lincoln Memorial pour We Are One, concert donné en hommage à Barack Obama à deux jours de son arrivée officielle au pouvoir.

Si c'est le cas, il s'agit de l'un des plus grands rassemblements musicaux motivés par des considérations politiques, au moins depuis le concert en soutien à Nelson Mandela, en 1988, au Wembley Stadium, alors qu'il était toujours en prison.

Obama aura encore une première à inscrire à son livre de records.

Le concert a offert des frissons qui n'avaient rien à voir avec le mercure à la baisse: voir la famille Obama hocher la tête sur Higher Ground, de Stevie Wonder, accompagné de Shakira et Usher; entendre la chanteuse soul Bettie LaVette offrir l'immense A Change is Gonna Come, de Sam Cooke, l'hymne officieux de la campagne présidentielle... Même Jon Bon Jovi, venu la rejoindre sur scène, ne pouvait gâcher ça.

Plus tard, U2 est venu présenter In the Name of Love et City of Blinding Lights (Bono ne peut s'empêcher d'évoquer le conflit israélo-palestinien!). Après Herbie Hancock, Sheryl Crow, Will.I.Am, Mary J.Blige (très belle version de Lean on Me, de Bill Withers), Garth Brooks et John Mellencamp, Beyoncé a clôturé le concert avec America the Beautiful.