Robes à paillettes, bijoux précieux et champagne. Les dix bals officiels sont les événements chics par excellence de la soirée d'investiture à Washington, où le nouveau président et la Première dame doivent faire une série d'apparitions très attendues. Mais ils sont aussi réputés pour les bousculades, voire les émeutes aux vestiaires.

Randi Martin, habitante de la région de Washington, a participé à l'un des bals d'investiture du second mandat de Bill Clinton. Ce dernier est arrivé, a dansé avec Hillary, joué du saxophone, avant de repartir -suivi par la foule réunie pour le voir.

Des milliers de personnes ont alors convergé vers le vestiaire de l'hôtel Omni Shoreham: «C'était une foule de gens vêtus avec élégance et couverts de bijoux, qui s'est mise à scander «nous voulons nos manteaux!'», se souvient Randi Martin. «Il y avait des femmes âgées dans cette foule, mais elles ne se laissaient pas faire».

La police est intervenue, repoussant sans ménagements les participants hors de l'hôtel, dans le froid glacial. Sans leurs manteaux.

Ceux qui souhaitent se rendre aux bals d'investiture de Barack Obama doivent savoir à quoi s'attendre: une foule compacte sur le parquet de danse, le risque de voir son pied transpercé par un talon aiguille au premier faux pas, la nourriture et les boissons quasi inaccessibles.

«C'est comme un énorme bal de fin d'année au lycée, c'est la seule manière dont je peux le décrire, en terme de bousculades et de niveau de sophistication», explique Sheila Tate, ancienne attachée de presse de Nancy Reagan. «C'est juste bondé».

Sheila Tate a assisté à deux de ces émeutes de vestiaire lors de bals républicains: en 1985, pour Ronald Reagan, de nombreuses femmes repartant avec un manteau en vison qui n'était pas le leur, puis en 1989, un bal en l'honneur de George Bush père, devenu célèbre comme «La prise de la Bastille du vestiaire».

«Les gens hurlaient (....). Certains ont dû revenir le lendemain. D'autres n'ont jamais récupéré leur manteau», raconte-t-elle. Une forme de tradition, puisque dès 1849, Abraham Lincoln a perdu son chapeau lors d'un bal, selon l'historien Jim Bendat.

Cette année, avec dix bals officiels et une multitude d'autres soirées qui s'annoncent, la situation risque d'être encore plus précaire dans la zone des vestiaires.

Peter Grazzini, de la société Perfect Settings, basée à Washington, a acheté 250 nouveaux portants à manteaux, et compte en ramener 250 autres de Chicago. Il pense qu'ainsi, il en aura assez pour plus de 200 événements liés à l'investiture. «Le mauvais côté, c'est qu'on en n'a besoin qu'une fois tous les quatre ans», soupire-t-il, ajoutant que «toute personne à peu près normalement constituée viendra sans manteau à un bal d'investiture».

Barry Landau, qui a assisté à au moins une dizaine de bals d'investiture dans sa vie, souligne que la sécurité importante signifie que chaque participant doit porter des tas de badges moches autour du cou, et prend le risque, en allant aux toilettes, de ne plus pouvoir remettre le pied à la soirée. Mais même si les bals de l'investiture de nos jours ne sont plus aussi élégants que ceux d'autrefois, il ne les raterait celle-ci pour rien au monde. «Vous savez quoi? C'est toujours excitant», déclare-t-il.

Mardi, le tout nouveau «Neighborhood Inaugural Ball» verra le couple présidentiel, très attendu, esquisser ses premiers pas de danse de la soirée. Mariah Carey, Jay-Z, Beyonce, Alicia Keys et Mary J. Blige doivent s'y produire.

Barack Obama devrait s'exprimer lors du «Youth Inaugural Ball» («Bal d'investiture de la jeunesse») réservé aux 18-35 ans et où le billet d'entrée ne coûte que 75 dollars, soit moitié moins que les autres.

D'autres soirées, non officielles, sont tout aussi prisées, comme le Purple Ball, où sont attendus Ashley Judd, Patricia Arquette, Tim Robbins, Susan Sarandon et Lisa Marie Presley.

Dès dimanche, un grand concert lancera les festivités dans le parc du National Mall à Washington, avec notamment Bruce Springsteen, U2, Beyonce, Stevie Wonder, ou Shakira. Sans oublier la soirée destinée aux enfants, lundi. Baptisée «Kids'Inaugural: We are the Future», elle devrait avoir pour stars les deux filles du couple présidentiel, chaperonnées par Michelle Obama.