De 1990 à 2007, près de 80 000 «collisions» entre des avions non militaires et des oiseaux ont été signalées, concernant en moyenne un vol sur 10.000, selon l'aviation civile américaine (Federal Aviation Administration-FAA) et le ministère de l'Agriculture. C'est ce type d'incident qui s'est produit jeudi à New York, provoquant l'amerrissage spectaculaire d'un Airbus A320 dans l'Hudson, sans faire de victimes.

Chesley Sullenberger, le désormais célèbre pilote du vol 1549 d'US Airways, qui venait de décoller de l'aéroport international de LaGuardia, a fait état d'un «double choc d'oiseaux» («double bird strike»), et annoncé qu'il s'apprêtait à réaliser un atterrissage d'urgence, quand il s'est abîmé dans le fleuve.

Techniquement, cela signifie que l'avion avait heurté -ou avait été heurté- par deux oiseaux, selon Alex Caldwell, porte-parole du Syndicat national des contrôleurs aériens.

Selon Diane Spitaliere, porte-parole de la FAA, «les chocs d'oiseaux arrivent de temps en temps». Mais, ajoute-t-elle, les accidents graves impliquant des oiseaux ne sont pas très nombreux. «Je n'en ai pas vu depuis de nombreuses années -en tout cas pas un comme celui-là (...) C'est plus courant pour les petits appareils».

La FAA exige des pilotes qu'ils signalent toutes les «collisions» avec des oiseaux, qui sont véritablement «le talon d'Achille» de l'aviation.

La période dangereuse, pour un avion de ligne tel que l'Airbus A320 est lors des phases cruciales du décollage et de l'atterrissage, quand les appareils se trouvent à faible altitude.

La plupart du temps, les vols commerciaux circulent à une altitude située entre 20.000 pieds (6,100m) à 30.000 pieds (9,150m) où les oiseaux ne sont pas très nombreux.

Mais à une altitude inférieure à 5000 pieds (1500m), les avions courent un risque, souligne Rory Kay, le président de la commission sécurité de l'Association des pilotes de ligne (ALPA), un vétéran qui compte 34 années de vol.

Kevin Poormon, chercheur spécialisé dans les moteurs d'avion de l'Institut de Dayton (Ohio, nord-est des États-Unis), teste la capacité des avions et des moteurs à supporter des «collisions», en tirant avec des canons à gaz comprimé des oiseaux pesant entre un et quatre kilos, projetés à des vitesses pouvant atteindre plusieurs centaines de kilomètres/heure, sur les parties les plus vulnérables de la carlingue.

Pour ce faire, Poormon explique qu'il utilise des vrais oiseaux «fraîchement tués» ou encore un substitut composé de gélatine et «qui a les mêmes propriétés à l'impact».

«Les avions sont touchés par des oiseaux tous les jours», souligne-t-il. «La raison pour laquelle on n'en entend pas beaucoup parler est que les avions sont conçus pour absorber ces impacts. Mais si vous êtes confrontés à une grosse volée ou alors un groupe important d'oiseaux volumineux qui frappent en même temps, c'est là qu'on en parle vraiment».

Les efforts en matière d'écologie ont aussi augmenté les risques pour les avions notamment après les initiatives prises dans les années 1960 et 1970 pour nettoyer les eaux des États-Unis, protéger les espèces, éliminer les pesticides et étendre le système de sanctuaires animaliers.

Ainsi selon Richard Dolbeer, un ancien spécialiste du ministère de l'Agriculture, la population des oies sauvages vivant aux États-Unis est passée d'un million en 1990 à 3.,9 millions en 2008.