Ça vous saute dessus dès que vous descendez de l'avion. Des tasses et des t-shirts à l'effigie de Barack Obama. Des figurines du président désigné avec la tête qui ballotte sur un ressort. Sans oublier les Barack Obama en carton, grandeur nature, dressés à la porte des magasins.

À la veille de la prestation de serment du prochain président des États-Unis, Washington s'est transformé en une sorte d'Obamaland où la fièvre générée par cet événement historique est doublée d'une ferveur toute commerciale.

Et ça marche. Car si les visiteurs attendus pour la cérémonie n'ont pas encore commencé à affluer à Washington, les habitants de la capitale, eux, ne se font pas prier pour acheter bibelots et souvenirs.

« Je travaille dans l'immeuble occupé par l'équipe de transition de Barack Obama et on sent une sorte de frénésie dans l'air», confiait hier l'avocate Michele Cano, rencontrée au Obama Inaugural Gift Center, le magasin de souvenirs officiel sur E Street, en plein quartier gouvernemental.

Un cahier à colorier pour sa fille, des macarons, des règles à mesurer : Michele Cano n'avait pas l'intention de dépenser une fortune. Mais elle ne pouvait résister à la tentation de participer au culte présidentiel.

Une autre cliente, Mary Kafka Clark, portait une veste couverte de macarons pro-Obama sous son manteau. «Je l'ai mise pour aller travailler aujourd'hui », expliquait-elle en cherchant de nouveaux spécimens pour sa collection. Employée d'une firme de consultants, Mary exultait : « Je vis à Washington depuis 30 ans et je n'ai jamais connu une excitation pareille.»

Designers

Le magasin a été mis sur pied par le Comité de la prestation de serment présidentielle et ses profits serviront à financer le défilé de mardi et une dizaine de bals.

Contrairement aux boutiques de souvenirs habituelles, on n'y trouve pas que de la camelote. Plusieurs designers de renom ont mis la main à la pâte en lançant des vêtements pour l'occasion.

Il y a le t-shirt Rachel Roy affirmant «I love my president». Le sac de toile de Diane Von Furstenberg qui aligne les qualités attribuées à vous-savez-qui : intégrité, passion, intelligence... Tout ça pour des prix variant de 40 à 70$ US.

Mais la plupart des clients qui attendaient devant la caisse, hier, se contentaient d'objets plus modestes : yoyos, épinglettes ou encore flûtes de champagne à étrenner mardi. C'étaient surtout des travailleurs du coeur administratif du pays profitant de l'heure du midi pour faire leurs emplettes.

«Comme femme de couleur dont le père et le grand-père ont subi de la discrimination, j'ai conscience de vivre un moment historique», soulignait Yvonne Martinez Vega en comptant les macarons qu'elle compte offrir aux proches qu'elle hébergera ce week-end. «J'achète ce livre à colorier pour ma fille de 3 ans. Elle aura la chance de grandir dans un pays où il est normal qu'un Noir devienne président», a dit une autre cliente, Tracy Chambers. Avocate, Noire, jeune quarantaine, elle avait la voix étranglée et des larmes dans les yeux.

Un rouleau Obama

Les restaurateurs soulignent à leur manière le changement de garde présidentiel. Chez Asia Nine, par exemple, on offre des makis à saveur politique. Le «rouleau Obama» est farci de verdure et enrobé de graines de sésame noircies. Quant au rouleau George W. Bush, il s'appelle... «canard boiteux».

Chez Barnes and Noble, la grande chaîne de librairies américaines, des comptoirs entiers de livres sur Barack Obama accueillent les visiteurs. La librairie vend aussi des casse-tête, des biscuits et des poupées à habiller représentant toute la famille Obama. Ce qui se vend le mieux, ce sont les calendriers Obama, confie la caissière Roberta Kleepko.

La jeune femme a voté pour la première fois l'automne dernier. Originaire du Liberia, elle a immigré aux États-Unis il y a 10 ans dans l'espoir d'une vie meilleure.

Elle a le sentiment qu'elle vient tout juste d'arriver au pays dont rêvaient ses parents : «C'est ce que nous cherchions, l'Amérique de l'égalité des chances.»