L'Union européenne (UE) a prévu une mission aux Etats-Unis pour s'informer des intentions de la nouvelle administration américaine concernant la fermeture du centre de Guantanamo et le sort de ses détenus, a annoncé jeudi la Commission européenne.

«Nous allons ensemble avec Ivan Langer (le ministre tchèque de l'Intérieur, ndlr) rencontrer la nouvelle administration américaine», a déclaré le commissaire européen chargé de la Justice, Jacques Barrot, au terme d'une réunion informelle des ministres de l'Intérieur de l'UE à Prague.

Le sujet n'était pas à l'ordre du jour de la réunion, mais il a été soulevé par plusieurs ministres qui se sont dits assez réticents à l'idée d'un éventuel accueil d'anciens détenus de Guantanamo par des pays de l'UE.

«Nous n'avons pas de demande formelle des Américains», a précisé M. Barrot.

«Nous avons besoin de savoir ce que l'on attend de nous», a pour sa part expliqué M. Langer, dont le pays préside l'UE. «Attendons que M. Obama (le président élu américain, ndlr) nous dise ce qu'il veut, quelles sont ses intentions», a-t-il ajouté.

Les deux responsables n'ont pas précisé la date de leur mission qui, selon un porte-parole tchèque, devrait se dérouler en février.

«L'Autriche refuse l'accueil des prisonniers. L'Amérique a créé Guantanamo. Elle doit aussi fournir la solution», a déclaré la ministre autrichienne Maria Fekter au cours d'un point de presse.

Son homologue allemand Wolfgang Schäuble a également estimé qu'il revenait «aux Américains de prendre leurs responsabilités».

«Une solidarité avec les Américains ne me paraît pas nécessaire et si on demandait leur avis aux ministres de l'Intérieur, il y aurait un grand accord pour dire qu'il n'y a pas besoin d'initiative européenne», a-t-il soutenu.

«Nous devons avoir une concertation européenne. En tout état de cause, le traitement devra se faire au cas par cas et non globalement, en fonction du passé et du passif» des personnes concernées, a déclaré à l'AFP la ministre française Michèle Alliot-Marie.

Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner s'est dit jeudi favorable à un éventuel accueil «au cas par cas» en France de détenus de Guantanamo qui seraient libérés.

Le sujet sera abordé le 26 janvier par les ministres des Affaires étrangères de l'UE lors d'une réunion à Bruxelles.