Barack Obama, qui s'installera mardi à la Maison Blanche, a promis aux Américains de réussir là où George W. Bush a échoué en mettant la main sur l'ennemi numéro un des Etats-Unis Oussama ben Laden, mais il risque de se heurter aux mêmes difficultés que son prédécesseur.

«Oussama ben Laden est la baleine blanche de l'antiterrorisme américain», commente James Lewis, expert en antiterrorisme du Centre d'Etudes stratégiques internationales (CSIS), en référence au roman «Moby Dick» racontant l'inlassable poursuite par un marin d'un cachalot dont il a juré de se venger.

M. Obama a estimé mercredi que le chef d'Al-Qaïda restait la «menace numéro un pour la sécurité américaine», après la diffusion sur internet d'un message audio de ben Laden, qui met en garde le président élu contre l'ouverture de nouveaux fronts dans sa guerre sainte contre les intérêts occidentaux.

«Nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher (Al-Qaïda) de créer des refuges à partir desquels ils peuvent attaquer les Américains», a ajouté le président élu.

«Nous tuerons ben Laden, nous détruirons Al-Qaïda», avait-il même assuré lors de sa campagne, en accusant l'administration sortante d'avoir délaissé à tort cette traque en Afghanistan au profit de la guerre en Irak.

M. Bush avait pourtant réclamé «mort ou vif» l'inspirateur des attentats du 11 septembre 2001, qui ont fait près de 3.000 morts aux Etats-Unis et conduit à l'invasion de l'Afghanistan.

Mais le terroriste, dont la tête est mise à prix 25 millions de dollars, reste insaisissable, caché selon les services de renseignement dans les zones difficilement accessibles aux confins de l'Afghanistan et du Pakistan.

Impuissante, l'administration Bush tâche désormais de minimiser l'importance opérationnelle d'une capture du chef d'Al-Qaïda.

Toutefois, «il n'y pas de raison de douter du fait qu'il soit vivant et qu'il joue un rôle de dirigeant du réseau au niveau stratégique», assure un responsable des services antiterroristes américains sous couvert de l'anonymat.

Et les experts s'accordent à reconnaître que sa mort ou son arrestation auraient une puissance symbolique considérable, à défaut d'affecter la force de frappe d'Al-Qaïda.

«L'intensité de la chasse à l'homme n'a pas diminué», fait remarquer James Lewis, du CSIS, mais «pour l'instant la solution consiste à faire voler des drones et traquer des extrémistes, non sans un certain succès». Le chef des opérations d'Al-Qaïda au Pakistan et son lieutenant ont ainsi été tués début janvier.

Barack Obama s'est lui aussi dit prêt à des frappes militaires ciblées au Pakistan contre ben Laden et ses alliés talibans avec ou sans l'autorisation d'Islamabad.

Mais la méthode est propre à s'attirer les foudres de l'allié pakistanais, qui dénonce la violation de sa souveraineté à chaque tir de missile américain - jamais confirmé - sur son territoire.

En outre, souligne M. Lewis, «la traque de ben Laden reste secondaire. Le problème c'est le Pakistan et le manque de contrôle gouvernemental sur les terroristes qui y sont réfugiés. Si on veut l'attraper, il faut d'abord stabiliser le Pakistan et remporter la bataille en Afghanistan».

La prochaine administration promet de s'y atteler.

En visite dans la région, le vice-président élu américain Joe Biden a assuré vendredi les dirigeants pakistanais que les Etats-Unis les aideraient à combattre les islamistes.

Quant à M. Obama, il aurait l'intention d'approuver les plans du Pentagone visant à envoyer 30.000 soldats supplémentaires en Afghanistan, où la rébellion a gagné du terrain depuis deux ans malgré la présence de plus de 70.000 soldats étrangers.