Hillary Clinton, désignée secrétaire d'Etat américaine par Barack Obama, a plaidé mardi pour une diplomatie réconciliée avec le reste du monde, après les tensions laissées par l'administration Bush, et promis d'ouvrir le dialogue avec l'Iran.

«L'Amérique ne peut résoudre seule les problèmes les plus pressants du monde et le monde ne peut pas les résoudre sans l'Amérique», a déclaré Mme Clinton, questionnée pendant plus de cinq heures par la commission des Affaires étrangères du Sénat, qui devait confirmer sa nomination à la tête de la diplomatie américaine.

Alors que l'administration Bush a été souvent accusée «d'unilatéralisme», l'ancienne Première Dame a estimé que «la puissance américaine a laissé à désirer mais reste désirée».

Mme Clinton a plaidé pour une diplomatie de «smart power» (puissance intelligente) qui fait appel à tous les outils d'influence à disposition d'un Etat, au-delà de la diplomatie traditionnelle ou de la force.

Interrogée sur les plans de l'administration du président élu Barack Obama pour convaincre l'Iran de renoncer à son programme nucléaire, elle a annoncé «une nouvelle approche», soulignant qu'une «attitude en faveur du dialogue pourrait porter ses fruits». Elle s'est toutefois dite sans «illusion» sur ses chances de réussite.

Pendant la campagne électorale, Mme Clinton avait exprimé des réticences à l'égard du souhait de M. Obama, son adversaire démocrate, d'engager le dialogue avec Téhéran.

Mme Clinton est restée vague sur l'hypothèse qu'elle rencontre elle-même des dirigeants iraniens. Elle a souligné que M. Obama ne renonçait pas à un recours éventuel à la force pour s'assurer que l'Iran ne dispose pas de l'arme nucléaire.

Même si cette annonce marque une rupture avec la politique de l'administration Bush, elle ne représente pas une surprise car elle correspond à une promesse électorale de M. Obama.

Très maîtresse d'elle-même, Mme Clinton a pris soin de se limiter à des considérations générales, s'abstenant de toute annonce pour ne pas gêner l'administration sortante dont elle s'est peu différenciée sur plusieurs dossiers.

A propos du conflit à Gaza, elle a assuré que l'administration Obama ferait «tous les efforts possibles» pour un accord de paix entre Israël et les Palestiniens mais exclu «catégoriquement» toute négociation avec le Hamas.

«Le président élu et moi comprenons et sommes favorables au désir d'Israël de se défendre dans les circonstances actuelles et de ne plus subir les tirs de roquettes du Hamas», a-t-elle assuré. «Mais nous connaissons aussi le prix humanitaire des conflits au Proche-Orient et nous sommes peinés par les souffrances des civils palestiniens et israéliens».

Avec la Corée du Nord, elle a promis de lancer un effort «intense» pour mettre un terme aux activités supposées de prolifération nucléaire du régime de Pyongyang.

A propos des relations avec le géant chinois, elle a affirmé que leur amélioration ne devait pas être un effort «à sens unique» et dépendait de l'attitude de Pékin.

Avec l'Europe, «nos relations traditionnelles de confiance seront approfondies», a déclaré Mme Clinton. «Sur la plupart des grands problèmes mondiaux, nous n'avons pas d'alliés plus sûrs».

Avec la Russie, elle a souhaité établir «des relations de coopération», tout en défendant les principes et les lois internationales.

Les analystes s'attendaient à un processus de confirmation en douceur pour Mme Clinton, elle-même issue des rangs du Sénat, où elle représente l'Etat de New York.

Un vote en commission était prévu jeudi avant une consultation de l'ensemble des sénateurs qui pourrait intervenir dès le 20, jour de la prise de fonctions de M. Obama.