La Cour suprême des États-Unis a décidé vendredi d'examiner si des Américains peuvent poursuivre en justice pour des crimes commis sous Saddam Hussein l'actuel gouvernement irakien, qui invoque de son immunité.Aucune date d'audience n'a été fixée mais les neuf sages de la plus haute juridiction américaine devraient examiner le dossier avant juin.

L'affaire engage un Américain qui a été prisonnier du régime de Saddam Hussein en 1990 et les enfants de deux autres emprisonnés et maltraités en Irak entre 1993 et 1995.

Ils ont porté plainte contre l'actuel gouvernement irakien, réclamant des compensations financières à leur souffrance morale au nom d'une loi votée par le Congrès américain en 1996 et qui retire l'immunité judiciaire aux pays soutenant le terrorisme, dont l'Irak faisait alors partie.

Or en 2003, le président américain George W. Bush a rendu son immunité à l'Irak.

Mais dans leur mémoire en défense, les plaignants expliquent avoir souffert de l'absence de leurs pères mais aussi de celle de leurs mères, toute entières consacrées à la libération des deux hommes.

A leur retour, les enfants n'ont pas été soulagés, car «bien que physiquement présents, leurs pères étaient psychologiquement absents, incapables de leur apporter l'amour et le soutien dont leurs enfants avaient désespérément besoin», affirment-ils.

La cour d'appel fédérale de Washington leur a donné raison, jugeant que l'exemption signée par le président en 2003 ne s'appliquait pas aux poursuites judiciaires et a condamné l'Etat irakien à payer.

Celui-ci a alors porté l'affaire devant la Cour suprême, estimant que cette condamnation serait de mauvais augure dans ses relations futures avec les Etats-Unis.

Si la Cour suprême décidait que l'Irak n'a pas l'immunité, son gouvernement a chiffré à «plus d'un milliard de dollars» les sommes qu'il devra payer dans diverses affaires du même ordre.

Dans sa requête, le gouvernement irakien cite les arguments avancés par le gouvernement Bush en première instance: poursuivre cette affaire représente «une menace sévère dans l'objectif crucial de politique étrangère qu'est la reconstruction de l'Irak en un Etat démocratique et indépendant».

Cela «interférerait gravement avec la mise en place d'un nouveau gouvernement de paix», avait ajouté le gouvernement américain.