Il y a à peine 12 ans, les journaux rivaux d'Arlington, au Texas, se disputaient férocement la faveur de chaque lecteur dans la ville en pleine croissance.

Ils dépensaient des millions de dollars pour accroître leur personnel et couvrir toutes les réunions et les événements sportifs, des plus petits aux plus grands.

La nouvelle que le Dallas Morning News et le Fort Worth Star-Telegram ont commencé à se partager des photos et des critiques de concerts en novembre a donc été accueillie avec étonnement.

C'est véritablement le début d'un temps nouveau.

Les partenariats se sont multipliés alors que les journaux devaient sabrer davantage dans la main d'oeuvre et couper dans les budgets de déplacement. De tels arrangements sont mieux accueillis que la fermeture de salles de nouvelles ou l'abandon complet de certains secteurs de couverture.

Alors que les lecteurs et les publicitaires se tournent vers Internet, et que la crise économique se traduit par une chute des revenus, les médias d'information sont en train de revoir leur définition de la concurrence.

Ces derniers mois, des journaux d'un peu partout aux États-Unis ont tenté d'atténuer leurs réductions de personnel en faisant équipe avec d'anciens rivaux.

«À une certaine époque, nous traitions tous les mêmes histoires», a souligné l'ancien adjoint à la direction de l'information du Houston Chronicle, Tony Pederson, aujourd'hui responsable du département de journalisme à l'université Southern Methodist de Dallas.

«Quand il y avait un événement important au Texas ou à l'échelle nationale, tout le monde était là. Ce n'est plus le cas aujourd'hui», a-t-il ajouté.

Les trois principaux quotidiens du sud de la Floride ont formé un partenariat, tandis que les cinq journaux de l'Etat du Maine et les huit de l'Ohio ont convenu de partager les informations récoltées et les textes produits.

Quant à elles, les stations de télévision des réseaux Fox et NBC comptent se partager de la vidéo. Le Washington Post et le Sun de Baltimore ont aussi annoncé à la fin de décembre une entente de couverture conjointe du Maryland.

Conséquence de cela, les lecteurs pourraient bien perdre une voix de plus, et les journalistes, leur détermination à doubler le concurrent.

Néanmoins, la coopération s'impose désormais comme un compromis nécessaire «pour conserver vos ressources et continuer de servir votre public», a indiqué Mark Woodward, directeur de la rédaction du Bangor Daily News, dans le Maine.