Les États-Unis ont refusé jeudi d'échanger cinq Cubains détenus aux Etats-Unis pour espionnage contre des dissidents cubains, comme l'avait proposé plus tôt le président cubain Raul Castro.

«La question des prisonniers politiques détenus contre leur volonté pour avoir simplement protesté de façon pacifique est indépendante du cas des cinq espions jugés et condamnés en bonne et due forme par le système judiciaire américain», a déclaré à l'AFP Robert Wood, un porte-parole du département d'Etat. «Cela fait longtemps que nous appelons le gouvernement cubain à libérer les prisonniers politiques et nous lui recommandons de le faire immédiatement», a ajouté M. Wood.

Les cinq Cubains détenus aux États-Unis que le président Raul Castro a proposé d'échanger jeudi contre des prisonniers cubains purgent depuis 2001 de lourdes peines de prison pour espionnage.

Les «cinq héros cubains»

Considérés comme des héros de la lutte «antiterroriste» par les autorités cubaines, Gerardo Hernandez, Antonio Guerrero, Ramon Labanino, René Gonzalez et Fernando Gonzalez ont été arrêtés en 1998 et condamnés trois ans plus tard pour espionnage par un tribunal de Miami (Floride) au terme d'un procès jugé inéquitable par leurs avocats.

Les autorités cubaines ont reconnu que les cinq hommes étaient des agents mais qui tentaient uniquement selon elles de recueillir des informations sur d'éventuels projets «terroristes» de groupes anticastristes en Floride, où réside une forte communauté cubaine.

Gerardo Hernandez, accusé d'avoir remis à La Havane le plan de vol de deux petits avions de l'organisation Hermanos al Rescate, abattus en 1996 par la chasse cubaine, a reçu la condamnation la plus lourde avec deux sentences de prison à perpétuité.

Ramon Labanino et Antonio Guerrero se sont aussi vu infliger une peine de prison à perpétuité alors que Fernando Gonzalez et René Gonzalez ont été respectivement condamnés à 19 et 15 ans de geôle.

Un tribunal d'Atlanta (Georgie, sud) avait également jugé en 2005 que les cinq Cubains n'avaient pas bénéficié d'un jugement «juste et impartial» et ordonné un nouveau procès, une décision ensuite rejetée par la Cour d'appel.

Le gouvernement cubain s'est mobilisé pour obtenir leur libération, obtenant notamment le soutien de Parlements de plusieurs pays africains, asiatiques ou latino-américains.

Deux des épouses des Cinq dénoncent régulièrement le refus selon elles des autorités américaines de leur accorder un visa pour se rendre aux États-Unis pour rendre visite à leurs maris.