C'est avec une frénésie mêlée d'une certaine appréhension que Washington s'apprête à recevoir des foules inégalées autour du 20 janvier, jour de l'investiture historique du futur président Barack Obama, ce qui va éprouver les capacités de la capitale.

«C'est énorme. Comme la ville compte 1,1 million d'habitants avec ceux qui y travaillent la journée, c'est comme si on allait tripler ou quadrupler la taille de la ville en un instant», prévoit le président de la chambre de commerce de Washington Jim Dinegar, dans un entretien à l'AFP. Jusqu'à quatre millions de personnes sont attendues dans la capitale pour les cérémonies d'investiture, un chiffre qui fait les gros titres des médias mais que les autorités ne veulent pas confirmer.

«Nous n'avons aucun élément qui suggère qu'on atteindra quatre millions mais si c'est le cas, on se prépare à gérer cela», affirme l'agent Malcolm Wiley, porte-parole des services secrets américains. «On connaît la capacité de M. Obama à attirer les foules», confie-t-il.

«Il y a un sentiment de grande excitation et nous n'échangerions pour rien au monde l'occasion de montrer notre région mais cela va être un défi de parvenir à ce que tout le monde soit à l'aise», convient le patron de la chambre de commerce.

La prestation de serment du 44e président, la parade, les multiples bals prévus et un pont de quatre jours promettent une affluence historique, alors qu'il faut remonter à l'inauguration du président Lyndon Johnson, le successeur de Kennedy en 1965, pour trouver une foule record sur le mall (1,2 million).

L'événement devrait attirer davantage de journalistes internationaux que les jeux Olympiques, assure même la chambre de commerce.

«Les hôtels sont complets, toutes les limousines ont été louées à 100 km à la ronde», affirme M. Dinegar. «Sur les 29 000 chambres d'hôtels que comprend le DC (District of Columbia), il en restait 1 400 la semaine dernière», assure Victoria Isley de l'office du tourisme de la ville. Le prix moyen: 650 dollars. «On trouve encore dans la région des motels éloignés à 100 dollars mais aussi des chambres à 1 000 dollars».

Les bars et les restaurants devraient, par arrêté municipal exceptionnel, rester ouverts jusqu'à 5H00 du matin au lieu de 2H00 ce qui suscite déjà une polémique parmi les élus qui craignent des débordements.

Les transports en commun vont être assaillis. Circuler en métro sera difficile même en misant sur une hypothèse basse de 2 millions de personnes, assure le président de la Chambre de commerce.

Le métro s'apprête ainsi a faire face à une affluence record mais «ne sera pas capable de transporter 2 à 3 millions de personnes», reconnaît Lisa Farbstein du métro de Washington dont le record de voyageurs transportés en un jour s'établit à 854 000, un 4 juillet, jour de la fête nationale américaine.

«Si vous n'êtes pas loin, considérez l'option de la marche plutôt que d'attendre sur des quais bourrés à voir passer des trains pleins les uns après les autres», ajoute-t-elle. Pas moins de 10 000 bus doivent converger du pays entier vers la ville. Des hauts-parleurs guideront les mouvements de foule.

«Arrivez tôt, mais pas de camping la veille, c'est illégal et dangereux par ces températures», ordonne le sergent Robert LaChance, de l'US Park Police qui gère l'immense esplanade du mall au pied du Capitole où se rassembleront les foules. Glacières, poussettes, chaises pliantes sont déconseillées.

«Préparez-vous à rester trois à sept heures debout dans le froid», prévient le policier.

Les téléphones portables promettent d'être engorgés lorsque tout le monde, à midi, voudra envoyer une photo de la prestation de serment du nouveau président, le premier Noir à accéder à cette fonction aux États-Unis.