Le gouverneur de l'Illinois, l'Etat dont le président élu américain Barack Obama était sénateur, a été arrêté mardi sur des accusations de corruption a indiqué le bureau du procureur.

Le gouverneur Rod Blagojevich est accusé d'avoir tenté de vendre le siège vacant au Sénat du démocrate Barack Obama, après que ce dernier a été élu président des Etats-Unis, le 4 novembre.

Le gouverneur démocrate et son directeur de cabinet, John Harris, sont également accusés d'avoir menacé de suspendre l'aide de l'Etat de l'Illinois au groupe de presse du Chicago Tribune afin de «provoquer une purge des éditorialistes du journal», critiques avec lui, a indiqué le bureau du procureur dans un communiqué.

«L'ampleur de la corruption contenue dans ces inculpations est stupéfiante», a commenté le procureur Patrick Fitzgerald, dans un communiqué.

Ces inculpations «stipulent que Blagojevich a mis une pancarte +A Vendre+ sur la nomination d'un sénateur des Etats-Unis, s'est impliqué personnellement dans une pratique de pots-de-vin avec la précipitation d'un vendeur qui doit atteindre son objectif annuel, et a utilisé son bureau de façon illicite pour tenter de bâillonner des voix d'éditorialistes critiques».

Blagojevich a été confondu par des écoutes autorisées par la justice de discussions portant sur les bénéfices qu'il pourrait tirer du fait que c'est au gouverneur qu'il revient de nommer un sénateur américain quand un siège est vacant, selon l'acte d'accusation de 76 pages.

Dans l'une de ces conversations, Blagojevich se compare à un agent sportif vendant le poste au plus offrant et passe un certain temps à envisager la possibilité de se nommer lui-même.

Il explique que cela améliorerait son image dans la perspective d'une candidature à la présidence américaine en 2016 et qu'il «obtiendrait un meilleur salaire s'il était nommé sénateur par rapport à son poste de gouverneur», selon l'acte d'accusation.

Le 5 novembre, au lendemain de l'élection de Barack Obama à la Maison Blanche, Blagojevich déclarait à un interlocuteur inconnu: «J'ai ce pouvoir et c'est de l'or (juron) et je ne vais pas l'abandonner pour rien (juron). (...) Je peux me parachuter» à ce siège, selon l'acte d'accusation.

Il aurait évoqué plusieurs options: recevoir un salaire substantiel en travaillant pour un syndicat ou une fondation caritative, placer sa femme dans des conseils d'administration de sociétés où elle pourrait être payée quelque 150.000 dollars par an, la promesse de fonds de campagne ou encore un poste d'ambassadeur pour lui-même.

«Les inculpations annoncées aujourd'hui révèlent clairement que le bureau du gouverneur n'était plus rien d'autre qu'un vecteur d'enrichissement personnel (...) tirant la vie politique de l'Illinois vers un niveau encore plus bas», a déclaré Robert Grant, agent spécial au bureau de Chicago du FBI.

Blagojevich avait été élu en 2003, sur la promesse de nettoyer la culture de corruption qui avait entouré son prédécesseur, le républicain George Ryan, qui purge actuellement une peine de 6 ans et demi de prison pour corruption.

Mais il a été lui-même rapidement impliqué dans de nouveaux scandales.

Un de ses proches, «Tony» Rezko, un homme d'affaires également considéré comme un ancien proche de Barack Obama, et généreux donateur pour le financement des campagnes électorales des démocrates et républicains dans l'Illinois a été reconnu coupable en juin de fraude, blanchiment d'argent et de corruption.

Blagojevich est également inculpé pour avoir comploté avec Rezko dans le but d'obtenir des bénéfices financiers pour lui-même et sa famille en échange de contrats ou de nominations dans l'Illinois.

Un porte-parole du gouverneur Blagojevich, contacté par l'AFP, n'a pas souhaité faire de commentaire.

Blagojevich, 51 ans, et Harris, 46 ans, ont été inculpés de tentative de fraude et de corruption.