Une cour d'appel fédérale a examiné lundi à Washington la situation de 17 Chinois Ouïgours, blanchis de toute accusation de terrorisme mais toujours détenus à Guantanamo et qui réclament d'être libérés sur le sol américain.

La cour d'appel avait été saisie le 8 octobre par le gouvernement Bush au lendemain du feu vert donné par le juge Ricardo Urbina à la libération de ces 17 hommes dans la capitale fédérale où vit une importante communauté ouïgoure.

Les trois juges de la cour d'appel ont interrogé pendant près d'une heure l'avocat du gouvernement Bush qui conteste la décision de M. Urbina jugeant qu'il n'en avait pas l'autorité, et celui des 17 détenus pour qui ces hommes sont illégalement incarcérés.

Enfermés depuis six ans et blanchis de toute accusation depuis quatre, ces hommes ne peuvent être renvoyés en Chine malgré les demandes répétées de Pékin, parce que la minorité turcophone et musulmane à laquelle ils appartiennent fait l'objet de persécutions.

En l'absence de pays tiers pour les accueillir, depuis quatre ans, les Américains les gardent dans le centre de détention de Guantanamo «dans des conditions relativement ouvertes», a expliqué à la barre Me Gregory Carre pour le gouvernement Bush.

«Leur situation est regrettable mais nous cherchons activement un pays pour les accueillir», a-t-il ajouté.

«Ces hommes sont en prison», a insisté Me Sabin Willett, au nom des 17 détenus.

La juge Judith Roger, nommée par Bill Clinton, lui a opposé le fait qu'ils devaient satisfaire certains critères en matière d'immigration avant de mettre le pied sur le sol américain. «Avant d'être admis dans ce pays, vous devez établir votre statut d'immigrant», a-t-elle insisté à plusieurs reprises.

«Ils ne peuvent pas rester enfermés indéfiniment jusqu'à ce qu'on ait trouvé une réponse», a plaidé Me Willett.

Mme Roger a tancé Me Carre lorsque celui-ci a évoqué la «dangerosité» des 17 Ouïgours. La cour fédérale de première instance a «demandé au gouvernement de présenter des preuves (que ces hommes étaient dangereux), le gouvernement n'a pas été capable d'en donner», a-t-elle rappelé, en référence à une précédente procédure à propos des Ouïgours.

Mais les deux autres juges, appointés par George W. Bush ont semblé très favorables à la requête du gouvernement.