Le président élu Barack Obama a choisi Timothy Geithner comme secrétaire au Trésor et prépare des mesures énergiques pour sortir l'économie américaine de l'ornière, alors qu'à Lima, les dirigeants de l'Asie-Pacifique ont rejeté tout protectionnisme.

M. Obama a décidé de confier le poste-clé du Trésor à Timothy Geithner, 47 ans, président de la Réserve fédérale de New York, a confirmé dimanche David Axelrod, conseiller du président élu Barack Obama. Il sera chargé de mettre en oeuvre le plan de 700 mds de dollars de sauvetage du secteur financier voté en octobre par le Congrès, qu'il a contribué à concevoir.

Aux côtés de M. Geithner, qui sera l'un des plus jeunes secrétaires au Trésor de l'Histoire, des hommes d'expérience de l'équipe Clinton devraient figurer dans l'état-major économique du futur président, comme l'ancien secrétaire au Trésor Lawrence Summers.

Et ils doivent se mettre au travail sans tarder, avant la passation de pouvoir prévue le 20 janvier. M. Obama a annoncé samedi avoir d'ores et déjà demandé à ses conseillers de préparer un plan de relance permettant la création de 2,5 millions d'emplois en deux ans.

Alors que le pays a déjà perdu 1,2 million d'emplois depuis le début de l'année, le Congrès a achevé vendredi une session sans prendre de décision pour aider les constructeurs automobiles américains en péril.

La volonté de M. Obama de mettre rapidement en place un «commando de choc» et un plan de bataille pour juguler la crise financière pourrait rassurer Wall Street qui a rebondi vendredi après une semaine calamiteuse. Les indices boursiers américains sont descendus à leur plus bas niveau en cinq ans.

Plusieurs indicateurs, notamment les ventes de logements neufs et existants lundi et mercredi, et les chiffres des nouveaux chômeurs indemnisés mercredi, permettront de prendre le pouls de l'économie américaine.

Réunis à Lima, les dirigeants des 21 pays riverains du Pacifique ont promis de former un front uni pour lutter contre la crise financière, en encourageant le commerce mondial sans ériger de barrières protectionnistes durant un an.

Le président américain sortant, George W. Bush, dont c'est le dernier voyage officiel, a pris fermement la défense du libre-échange, encourageant son successeur démocrate à éviter toute tentation protectionniste.

Dans une déclaration samedi, les 21 membres du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec) ont également réclamé une réforme rapide des institutions financières.

«Nous réaffirmons notre ferme conviction que les principes du libre marché, du libre-échange et du régime d'investissements continueront de favoriser la croissance mondiale, l'emploi et la réduction de la pauvreté», ont-ils dit.

Dimanche, l'Apec, qui concentre 61% du produit intérieur brut (PIB) et 47% du commerce de la planète, doit publier une déclaration finale plus politique.

Les dirigeants des grandes économies occidentales préparent aussi des mesures pour faire face à une crise qui touche maintenant les entreprises.

Le gouvernement britannique de Gordon Brown, dont le plan de sauvetage des banques en octobre a été amplement copié ailleurs, montrera lundi ses intentions en matière de relance.

Il présentera un projet de budget qui devrait mettre en pratique les engagements de relance budgétaire pris par les dirigeants du G20 à Washington le week-end dernier.

La mesure-phare sera une baisse temporaire d'au moins deux points de pourcentage de la TVA, selon les journaux britanniques.

«Je vais présenter des mesures pour aider les gens à payer leurs factures, sauver leurs entreprises et maintenir leurs dépenses dans la santé et l'éducation», a indiqué le ministre des Finances Alistair Darling au Sunday Mirror.

«Tous les foyers vont recevoir maintenant un soutien pour les aider à traverser la difficile période qui s'annonce», a-t-il dit.

Le paquet fiscal dévoilé par M. Darling devrait tourner autour de 18 à 20 milliards de livres (21 à 23,7 mds d'euros) au total, soit un peu plus d'un point de PIB. Il sera financé par l'endettement, avec un déficit qui pourrait monter à 10% du PIB dans les trois ans, estiment les journaux.

En Allemagne, la vigueur de la relance nécessaire fait débat au sein même du parti conservateur de la chancelière Angela Merkel.

Sans détours, Mme Merkel a prévenu dimanche ses quelque 82 millions de concitoyens que 2009 sera «une année de mauvaises nouvelles, au moins dans les premiers mois».

Son gouvernement de coalition droite-gauche a annoncé le 4 novembre diverses mesures ciblées, pour doper la conjoncture, censées garantir près d'un million d'emplois en Allemagne. Ce plan de 32 milliards d'euros, qui doit encore être approuvé par le parlement, doit faire en sorte que la situation «se redresse en 2010», a souligné Mme Merkel.

Mais certains dans son propre camp réclament des baisses d'impôts tout de suite et non pas seulement en 2010 comme elle le prévoit. L'économie est entrée au troisième trimestre en récession pour la première fois depuis cinq ans.

Le début de la semaine boursière a été marqué par une baisse sur les places financières des monarchies pétrolières du Golfe. La Bourse saoudienne a reculé dimanche de 3,8% à 4 264,52 points, au plus bas en près de cinq ans