Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a félicité jeudi Barack Obama pour son élection à la présidence des Etats-Unis, mais en lui demandant un changement radical de la politique des Etats-Unis, a rapporté l'agence de presse officielle Irna.

«Je vous félicite pour avoir été capable de rassembler une majorité de votes lors de l'élection», a dit M. Ahmadinejad, cité par l'agence dans un message représentant une démarche rare entre les deux pays.

L'Iran et les Etats-Unis n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis près de trente ans, avec la prise en otages de diplomates à l'ambassade américaine de Téhéran en 1979-80.

Le président américain sortant George W. Bush a rangé l'Iran dans un «axe du mal» en 2002, alors que les Etats-Unis sont traditionnellement qualifiés par le régime iranien de «Grand Satan» depuis la révolution islamique de 1979.

«J'espère que vous ferez de votre mieux (...) et que vous laisserez un bon souvenir en préférant les vrais intérêts du peuple et la justice aux demandes insatiables d'une minorité indécente et égoïste», a ajouté le président, toujours selon Irna.

La mention de cette «minorité» renvoie à l'existence supposée par M. Ahmadinejad de juifs sionistes qui influenceraient, selon lui, de façon décisive la politique américaine.

S'adressant à M. Obama, le président iranien lui a expliqué qu'«on attend en principe que vous répondiez rapidement et clairement aux demandes de changement fondamental et approprié de la politique américaine intérieure et étrangère».

Les Etats-Unis sont en pointe dans les efforts du Conseil de sécurité de l'ONU pour contraindre l'Iran à suspendre son programme nucléaire controversé.

L'Iran fait déjà l'objet de cinq résolutions du Conseil, dont trois assorties de sanctions, pour qu'il suspende notamment son enrichissement d'uranium, de crainte qu'il n'alimente un programme nucléaire militaire.

Pour M. Ahmadinejad, la liste des critiques qu'on peut adresser à la politique américaine est longue: «la politique militariste, l'occupation, l'intimidation, le mensonge, l'humiliation et l'imposition de relations injustes et discriminatoires, qui font que l'Amérique est détestée par la plupart des nations».

Selon lui, les «peuples du monde attendent» que les Etats-Unis optent pour «la justice, le respect du droit des nations, la non ingérence, et que les interférences du gouvernement américain se cantonnent dans les limites géographiques de leur pays».

L'Iran exige notamment que les forces américaines quittent la région du Moyen-Orient, et en premier lieu l'Irak.

M. Obama avait initialement proposé, au début de sa campagne électorale, d'engager un dialogue sans condition préalable avec l'Iran. M. Bush a toujours soumis un tel dialogue au respect par Téhéran des injonctions du Conseil de sécurité.

Mais le sénateur démocrate de l'Illinois a depuis durci sa position. Il estimait en septembre que «la menace posée par le programme nucléaire iranien est grave», et jugeait qu'il était «temps désormais pour les Américains de se rassembler sur le fait que de fortes sanctions sont nécessaires pour accroître la pression sur le régime iranien».