Le monde a recommencé à aimer les Etats-Unis après la victoire historique du démocrate noir Barack Obama à l'élection présidentielle américaine, mardi.

Pour les touristes qui visitent Ground Zero, le site où se dressaient les tours du World Trade Center détruites par les attentats terroristes de 2001, son succès force l'admiration, pour la première fois depuis des années.

«Obama apporte l'espoir», dit Leticia Giorello, 26 ans, une étudiante en architecture venue d'Uruguay. «En Amérique latine, nous espérions tous qu'il serait élu».

Il y a huit ans, le monde s'était uni autour des Etats-Unis en réponse à la tragédie du 11 septembre, où quelque 3000 personnes avaient trouvé la mort à New York. «Nous sommes tous Américains», avait titré le quotidien français Le Monde.

Mais cette bienveillance s'était évanouie avec l'invasion de l'Irak en 2003 et le scandale de la torture de prisonniers.

L'image des Etats-Unis a pris un nouveau coup il y a deux mois avec l'effondrement du système bancaire.

L'élection de Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis et avocat du rétablissement de la place des Etats-Unis dans le monde, a ravivé la flamme. Des célébrations se sont tenues dans le monde entier, des territoires palestiniens aux Balkans et d'Afrique en Asie.

A Ground Zero, un lieu de pèlerinage pour beaucoup de visiteurs, les touristes se disent inspirés. «Beaucoup de gens au Japon ont tendance à critiquer les Etats-Unis. Cela fait chic», dit Daisuke Yamagata, 27 ans, un pilote venu à New York avec ses parents. «Ceci va changer avec Obama. Je crois que l'Amérique est en train de changer, surtout quand il s'agit de diplomatie. Les gens attendent cela», estime-t-il.

Pour Shirley Mellor, 62 ans, arrivée d'Angleterre avec ses trois soeurs, l'administration Bush était devenue «une source de blagues. Bush était une anecdote». «Voilà pourquoi cette élection est importante», dit l'une des soeurs, Joan Higgins, 65 ans. «Elle aura des conséquences sur le monde entier», pense-t-elle.

Anna Grethe Jensen, 53 ans, du Danemark, souligne que les Etats-Unis se sont taillés la réputation de fouler aux pieds les autres.

«Ils voient toujours la planète de leur point de vue et oublient ce que le reste du monde pense», souligne-t-elle. «Je pense que cela va changer, et que l'Europe aussi verra l'Amérique différemment maintenant», ajoute-t-elle.

Mais combien de temps durera la lune de miel ? Ceci est une autre question.

Le vice-président élu Joseph Biden a mis en garde pendant la campagne, estimant qu'il ne faudrait pas six mois pour qu'une puissance étrangère mette à l'épreuve le nouveau président.

Et alors que les félicitations pleuvaient du monde entier, le président russe Dmitri Medvedev annonçait son intention de déployer des missiles tactiques sol-sol dans la région de Kaliningrad, un territoire russe enclavé dans l'Union européenne, entre la Pologne et la Lituanie.

Une réponse à Washington, dont l'administration Bush avait prévu d'installer dix missiles intercepteurs en Pologne et un puissant radar en République tchèque voisine pour contrer des missiles balistiques éventuellement lancés par l'Iran. Moscou y voit une atteinte à sa sécurité.

Robert Guttman, directeur du Centre de politique étrangère de l'Université Johns Hopkins, estime que «le problème de l'image (du président élu) sera traité très rapidement, ne serait-ce qu'en raison de la personnalité de Barack Obama.» Mais le politologue avertit: «Il n'est pas un nouveau messie et ne va pas résoudre tous nos problèmes».