Nina Allen n'a pratiquement pas dormi dans la nuit de mardi à hier. Cette Afro-Américaine de 20 ans était trop occupée à célébrer le triomphe de Barack Obama.

«Je me suis couchée à 4h du matin et j'ai dû me réveiller à 5h pour le travail», lance cette jeune femme qui sert les clients de la Medici Bakery. Cette boulangerie qui se targue d'offrir les meilleurs croissants du monde... à l'extérieur de Paris.

 

L'établissement est situé dans Hyde Park, le quartier où habitent le président désigné et sa famille. À une quinzaine de minutes au sud du centre-ville de Chicago. Sur les t-shirts des employés de l'endroit, on lit: «Obama mange ici».

Comme la plupart des habitants de la métropole du Midwest, une ville où les démocrates sont largement majoritaires, Nina Allen est encore sur un nuage. «Après l'annonce de sa victoire, j'ai pleuré pendant environ 30 minutes, raconte-t-elle. Les Afro-Américains ont tellement souffert pour en arriver là.»

Une collègue qui a entendu notre conversation, Nadia Clash, 31 ans, s'en mêle. «Même aujourd'hui, quand on en parle, on pleure encore», précise-t-elle.

Chicago pleure, mais aussi vibre encore au rythme de cette victoire, qui demeurait hier le sujet de conversation numéro un des habitants de la ville. Plusieurs clients de la boulangerie et passants croisés dans les rues, par exemple, continuaient d'arborer fièrement des t-shirts ou des macarons à l'effigie d'Obama.

Cela dit, même les plus ardents partisans du politicien démocrate commencent lentement mais sûrement à faire face à la réalité. Au fait qu'Obama n'aura pas la tâche facile lorsqu'il fera son entrée à la Maison-Blanche.

«On est en train de revenir sur terre, dit Keith Gilmore, 44 ans. Près de 50% des Américains n'ont pas voté pour lui. Ça signifie que beaucoup de gens vont lutter contre ses idées.»

Une question d'assurance

Mais l'assurance d'Obama, qui n'a fait que s'accroître au fur et à mesure que la campagne avançait, continue d'inspirer confiance.

«Barack Obama va hériter de nombreux problèmes, admet Ena Jinkins, 34 ans. Mais s'il arrive à nous sortir de là, il sera considéré comme l'un des meilleurs présidents de l'Histoire. Et je pense qu'il va prendre les bonnes décisions et faire les bons choix.»

À écouter les commentaires des habitants de Chicago au lendemain du scrutin présidentiel, on pense inévitablement à l'effet qu'a eu Ronald Reagan - qui transpirait l'optimisme - sur l'état d'esprit des Américains dans les années 80.

Il n'y a pas de doute, le mélange d'assurance et d'optimisme manifesté par Obama est contagieux et fait déjà son effet. Mike Fowler, quinquagénaire blanc, moustachu, l'air austère, est l'un de ceux qui nous le confirment dès qu'on lui demande comment il se sent depuis la victoire du candidat démocrate.

Avec le plus grand sérieux, il répond: «J'ai l'impression que le soleil brille un peu plus aujourd'hui.»