Le président élu Barack Obama a réussi à rassembler sur son nom une coalition qu'aucun autre candidat démocrate avant lui n'avait réussi à bâtir en recueillant la majorité des suffrages des femmes, des indépendants, des moins de 65 ans et des minorités.

Cet aspect de l'élection, unanimement qualifiée d'historique, pourrait poser des problèmes à terme au parti républicain qui a enregistré un de ses plus mauvais scores et qui ne semble plus en phase avec une Amérique qui change.

Même si le républicain John McCain est majoritaire dans l'électorat blanc (75% du total), que ce soit auprès des hommes ou des femmes, M. Obama, premier président noir des États-Unis, a obtenu plus de voix dans l'électorat blanc que les derniers candidats démocrates à la présidentielle, y compris Al Gore en 2000 et John Kerry en 2004.

Les Blancs, même s'ils ont voté à 55% pour McCain et à 43% pour Obama, «ont joué un rôle majeur dans l'élection du premier président noir», analysait mercredi le Los Angeles Times.

Les Noirs (13% de l'électorat) ont voté à 96% pour Obama. Mais le facteur racial, considéré comme une inconnue majeure de la présidentielle, n'a en fait pas ou peu compté.

L'âge de M. McCain, qui, à 72 ans, aurait été le plus vieux président à entrer à la Maison-Blanche, a été plus déterminant que la couleur de peau du candidat démocrate: quatre électeurs sur dix ont affirmé que l'âge du républicain avait compté dans leur décision. En comparaison, seuls deux électeurs sur dix ont affirmé que le facteur racial était un sujet important à leurs yeux.

La principale préoccupation d'une majorité d'électeurs (63%) et le facteur numéro un de leur choix a été la situation économique. Et ces électeurs ont majoritairement choisi M. Obama.

«La question importante pour les électeurs n'était pas noir, blanc ou vert mais de savoir qui était le plus capable de s'occuper de l'économie», a résumé Peter Brown, responsable des sondages à l'université Quinnipiac.

M. Obama fait mieux que tous les candidats démocrates à la Maison-Blanche des huit dernières présidentielles parmi les femmes, les jeunes, les Noirs, les modérés et les indépendants. Il a récupéré le vote de la communauté hispanique qu'avait obtenu M. Gore en 2000 et qui s'était porté sur George W. Bush en 2004. Les Hispaniques (8% des électeurs) ont voté Obama à 67% et McCain à 31%.

Le candidat démocrate a fait mentir les affirmations selon lesquelles l'électorat juif hésiterait à voter pour un candidat dont le second prénom est Hussein, que les Hispaniques ne voteraient jamais pour un Noir et que les femmes, déçues de l'élimination d'Hillary Clinton lors des primaires démocrates, se réfugieraient dans l'abstention.

M. Obama est largement majoritaire chez les jeunes de 18 à 29 ans mais aussi dans toutes les classes d'âge au-dessous de 65 ans. Le candidat démocrate est largement majoritaire parmi les personnes possédant un diplôme universitaire mais également parmi celles qui n'ont pas fréquenté d'université.

Les foyers américains les plus modestes, affichant des revenus annuels de moins de 15 000 dollars, ont très majoritairement (73%) préféré M. Obama. Le candidat démocrate a également obtenu la majorité dans les foyers gagnant entre 15 000 et 50 000 $ par an. M. McCain a convaincu les ménages affichant des revenus annuels situés entre 50 000 et 75 000 $ mais M. Obama a fait mieux que son adversaire parmi ceux gagnant entre 75 000 et 100 000 $ par an.

Surtout, le candidat démocrate a réussi à obtenir la confiance d'électeurs plutôt enclins à voter républicain, comme les mères de famille et les catholiques, qui ont majoritairement voté pour lui.

Les électeurs des zones rurales, plutôt conservateurs, se sont partagés entre les deux candidats avec un léger avantage pour M. McCain. M. Obama a confirmé les progrès enregistrés ces dernières années par les démocrates dans les banlieues des grandes villes qui ont été longtemps des fiefs républicains.