Les démocrates ont renforcé leur position au Sénat américain en remportant quelques victoires spectaculaires, mais ils luttaient encore, hier soir, pour atteindre l'objectif stratégique de 60 des 100 sièges, ce qui les mettrait à l'abri de tout obstructionnisme de la part des républicains.

Trente-cinq sièges (1/3 du Sénat) étaient en jeu ; 23 pour les républicains et 12 pour les démocrates. Sur 31 résultats connus en soirée, les démocrates avaient remporté 17 sièges et les républicains, 14.

Quatre résultats restaient à venir, mais déjà les démocrates totalisaient 56 sénateurs au lieu de 50 dans le Congrès sortant. Les républicains en totalisaient 40, contre 49 auparavant, plus l'appui du démocrate indépendant Joe Lieberman.

Dès le début du dépouillement, les démocrates semblaient en voie de prendre deux sièges aux républicains, ceux d'Elizabeth Dole, en Caroline-du-Nord, et de John Warner, en Virginie.

Caroline-du-Nord

Kay Hagan, 57 ans, sénatrice de l'État, a eu raison d'Elizabeth Dole, 72 ans, femme de l'ancien vice-président Bob Dole. En fin de campagne, Mme Dole avait tenté de freiner la montée de sa rivale en l'accusant d'avoir des liens avec « un groupe athée ».

Du coup, pour la première fois en 35 ans, les républicains ont perdu la représentation de la Caroline-du-Nord au Sénat.

En Virginie, le démocrate Mark Warner, 54 ans, s'est emparé du siège vacant de son homonyme John Warner, vétéran de 81 ans qui s'est retiré après cinq mandats consécutifs en trois décennies.

Les démocrates ont remporté, avec Tom Udall, le siège du Nouveau-Mexique, que détenait le républicain Pete Dominici, et le New Hampshire avec Jeanne Shaheen, détenu par le républicain John Sununu.

Côté républicain, le leader sortant Mitch McConnell a résisté à l'assaut démocrate au Kentucky, et Lindsey Graham a obtenu un deuxième mandat en Caroline-du-Sud. Ont aussi été réélus Susan Collins, dans le Maine, et Lamar Alexander, au Tennessee.

Les républicains, qui partaient à égalité avec les démocrates, n'avaient qu'à gagner deux sièges sans en perdre aucun pour renverser l'équilibre et s'emparer de la présidence du Sénat ainsi que des puissants comités de la Chambre haute.

Mais ils avaient cinq sièges « ouverts », et les démocrates aucun. Leurs sénateurs sortants étaient vulnérables, comme Ted Stevens, de l'Alaska, épinglé pour corruption et donné perdant contre le démocrate Mark Begich.

« Folle course »

La course la plus folle opposait Norm Coleman, républicain sortant, au comédien démocrate Al Franken, au Minnesota, avec Dean Barkly, ancien allié de Jesse Ventura, en indépendant frisant les 20 % dans les sondages.

À la Chambre des représentants, où les démocrates avaient 236 élus contre 199, les experts s'attendaient à ce que, l'insatisfaction contre Bush jouant toujours, ils y fassent des gains nets de 14 à 30 sièges. Cette tendance semblait devoir se concrétiser hier soir, au fil du dépouillement.

Aux législatives de mi-mandat, en 2006, les démocrates avaient ravi 30 sièges de la Chambre aux républicains. S'ils en gagnent plus de 20 cette année, ce serait la première fois en un demi-siècle qu'un parti gagnerait plus de 20 sièges à la Chambre deux fois de suite.