Les Américains ne choisissent pas uniquement un président mardi: le vainqueur fera appel à toute une équipe de collaborateurs, conseillers et autres officiels qui l'aideront à diriger le gouvernement fédéral pour les quatre années à venir.

Une présidence John McCain serait certes plus conservatrice qu'une présidence Barack Obama. Mais au-delà même des divisions partisanes et idéologiques, le style et le parcours des deux hommes sont différents, ce qui influera sur la composition de leurs administrations.

Barack Obama, s'il gagne, devrait constituer son équipe à partir de trois sources principales: des gouverneurs démocrates déjà expérimentés, d'anciens responsables de l'administration de Bill Clinton, et des hommes politiques de Chicago, la ville du sénateur de l'Illinois.

John McCain, ancien officier de la Navy dont le père et le grand-père étaient amiraux, devrait faire appel davantage que son adversaire à des militaires hauts gradés, en activité et en retraite. Il devrait aussi faire plus son marché dans le monde de l'entreprise, alors qu'Obama devrait davantage privilégier des gens issus de «think tanks» (groupes de réflexion) et d'universités, selon des proches des candidats.

Plusieurs listes de collaborateurs potentiels circulent déjà à Washington, à Chicago et dans l'Arizona de McCain.

Mais dans les deux camps, on affirme que les candidats sont totalement concentrés sur mardi et n'ont probablement pas pris de décisions définitives pour la suite éventuelle.

Certains proches d'Obama croient qu'il offrirait des fonctions importantes à quatre gouverneurs démocrates ayant activement fait campagne pour lui, même à certains qui lui étaient au départ opposés:

Les gouverneures Janet Napolitano (Arizona) et Kathleen Sebelius (Kansas) ont soutenu Obama depuis le début, faisant en outre des miracles dans des États traditionnellement républicains. Napolitano serait envisagée à la Justice, Sebelius à l'Education, au Commerce, à l'Energie ou à la Santé.

Le gouverneur Ed Rendell (Pennsylvanie) pourrait devenir ministre de l'Energie ou des Transports. Le gouverneur Bill Richardson (Nouveau-Mexique), qui a lui-même brigué l'investiture démocrate, est évoqué comme possible secrétaire d'État. Si sollicités, tous quatre devraient renoncer aux deux dernières années de leur mandat de huit ans.

Parmi les anciens gouverneurs démocrates qui pourraient intégrer l'équipe d'Obama figure Tom Vilsack (Iowa), dont le nom est avancé comme possible secrétaire à l'Agriculture.

Par ailleurs, Obama a déjà demandé à un ancien collaborateur de Bill Clinton, John Podesta, de s'occuper de son planning pendant la longue période de transition avant la prise de fonction officielle du futur président, le 20 janvier 2009.

Parmi les ex-collaborateurs de Bill Clinton qui pourraient figurer dans l'équipe Obama: Susan Rice, qui fut secrétaire d'État adjointe chargée des Affaires africaines; James Steinberg, conseiller adjoint à la sécurité nationale; Gregory Craig, un des principaux avocats de Bill Clinton; les conseillers économiques Gene Sperling et Laura Tyson; et les anciens secrétaires au Trésor Larry Summers et Robert Rubin.

Les premier cercle des collaborateurs d'Obama en campagne, les «Chicago boys» David Axelrod et David Plouffe devraient aussi occuper des fonctions importantes, au moins comme conseillers.

L'ancien chef de la majorité au Sénat Tom Daschle (Dakota du Sud) est sûr d'avoir un poste important, s'il est partant: il pourrait éventuellement devenir chef de cabinet de la Maison-Blanche.

En choisissant l'homme chargé de gérer sa transition s'il est élu, McCain a donné le ton: l'ancien secrétaire à la Marine John Lehman, un des militaires proches du candidat républicain, qui pourrait devenir secrétaire à la Défense ou proche conseiller, selon des sources républicaines. Mais McCain, qui affirme que les troupes américaines ne doivent pas quitter l'Irak avant de s'être assurés de la victoire, devrait demander à l'actuel secrétaire à la Défense Robert Gates de rester à son poste, au moins un certain temps.

Autres possibles prétendants au Pentagone: le général des Marines retraité James Jones ou le sénateur de Caroline du Sud Lindsey Graham.

Le sénateur du Connecticut Joe Lieberman, en tant que «démocrate indépendant» qui a fait campagne pour McCain, devrait aussi avoir un poste important, peut-être secrétaire d'État. Le président de la Banque mondiale Robert Zoellick pourrait aussi occuper cette fonction, ou une autre importante.

Deux femmes issues du monde de l'entreprise, l'ancien patronne d'eBay Meg Whitman, et l'ancienne PDG de Hewlett-Packard Carly Fiorina, pourraient devenir de proches conseillères de McCain.

Au moins deux rivaux malheureux de McCain dans les primaires pourraient le rejoindre au plus haut niveau s'il est élu: l'ancien maire de New York Rudy Giuliani est pressenti comme possible ministre de la Justice. Et l'ancien gouverneur du Massachusetts Mitt Romney pourrait aussi entrer au gouvernement.

Comme Obama, McCain devrait accorder des fonctions importantes à ses principaux conseillers de campagne: Mark Salter et Rick Davis ne le quitteraient sans doute pas à la Maison-Blanche.