Tommy Vaughn, 58 ans, barbier à Panama City Beach en Floride

Tommy Vaughn est barbier depuis toujours. Et quand il parle de politique, il ne coupe pas les cheveux en quatre.

Dans son petit salon défraîchi de l'avenue commerciale qui longe la plage de Panama City Beach, dans le nord-ouest de la Floride, le républicain de 64 ans ne cache pas sa déception envers George W. Bush. La guerre en Irak s'éternise. Le taux de saisie de maisons dans l'État est l'un des plus élevés au pays. Le taux de chômage est à son plus haut depuis 14 ans. On est loin de Walt Disney World.

«Je me dis parfois: élisons Obama. Concédons aux démocrates la Chambre des représentants, le Sénat, la présidence. Ils n'auront plus d'excuses! On verra bien ce qu'ils feront avec tout ce pouvoir.» Tommy Vaughn se ressaisit entre deux coups de ciseaux. Dans ce coin de pays, bastion républicain qui compte de nombreuses bases militaires, on ne change pas facilement son fusil d'épaule.

Ses habitants ne sont pas moins lucides pour autant. L'heure est à un examen de conscience, admet M. Vaughn. Et à une nouvelle façon d'interagir avec le reste du monde. «Les Américains n'osent pas s'avouer que les intentions de leurs politiciens ne sont pas toujours nobles, surtout lorsqu'il s'agit de politique étrangère. Il est temps de se regarder dans le miroir.»

Et alors, l'incarnation du changement et de l'intégrité, c'est John McCain? Tommy Vaughn sourit. Le candidat républicain ne l'emballe pas, ça se sent.

«Il est le moins pire des deux candidats, laisse-t-il tomber. Obama a du charisme, j'en conviens, mais je ne peux me résoudre à voter pour lui. Et ce n'est pas parce qu'il est noir, se presse-t-il d'ajouter. J'aurais volontiers voté pour Colin Powell.»

Trop libéral? «Trop beau, trop bon pour être vrai. À l'entendre parler, il va tout régler.»

Du changement donc, mais pas trop. Et pas trop

vite.