Pour une fois, Barack Obama et John McCain sont d'accord: les États encore indécis de l'Ouest américain joueront un rôle crucial dans la présidentielle du 4 novembre et c'est là qu'il faut faire campagne pour l'avant-dernier week-end avant le scrutin.

Après deux jours d'interruption pour se rendre à Hawaï au chevet de sa grand-mère très malade, le candidat démocrate Barack Obama devait présider deux meetings dans le Nevada samedi puis gagner le Nouveau-Mexique, où son adversaire républicain se trouvait également samedi, après des étapes au Colorado (centre-ouest) vendredi. S'exprimant dans un stade de baseball de Reno, au Nevada, Barack Obama a ironisé sur la volonté récente de John McCain de se démarquer de George W. Bush. «John McCain attaquant George Bush pour sa politique économique, c'est comme Dick Cheney attaquant George Bush pour sa politique étrangère faite en cavalier seul», a déclaré Barack Obama.

Jadis valeur sûre pour les républicains, l'Ouest a évolué vers le centre depuis dix ans, sous l'effet de l'augmentation de la population hispanique, plutôt démocrate. Le Nevada, le Colorado et le Nouveau-Mexique, trois États qui avaient voté Bush en 2004, semblent ainsi encore hésiter, à des degrés variables, pour l'un ou l'autre camp, ce qui pourrait leur conférer un poids décisif en cas d'élection serrée.

À Denver (Colorado) vendredi, John McCain a expliqué à ses sympathisants que son adversaire aggraverait la crise économique et financière en relevant les impôts et que ce ne seraient pas les riches mais la classe moyenne qui «passerait à l'essoreuse».

Barack Obama propose d'augmenter de 5% les impôts des contribuables gagnant plus de 250 000 dollars (198 000 euros) par an et de baisser ceux des autres. Il accuse pour sa part le sénateur de l'Arizona de vouloir privilégier les grosses entreprises et de manquer d'idées.

En pleine crise, les interventions des deux candidats se focalisent sur l'économie, éclipsant les sujets tels que la guerre en Irak et en Afghanistan, points forts de John McCain. Les dépenses vestimentaires de sa colistière Sarah Palin ne l'aident pas non plus. Son score dans les sondages s'en ressent, alors que le sénateur noir de l'Illinois, généralement considéré comme étant plus qualifié sur les dossiers économiques, creuse son avantage dans des États-clefs tels que l'Ohio et la Pennsylvanie.

Le champion républicain lutte en outre avec l'encombrant héritage de George Bush et malgré ses efforts pour se démarquer, le camp démocrate s'attache à le présenter comme le digne successeur de l'impopulaire président sortant. En campagne dans l'État traditionnellement républicain de Virginie Occidentale, le candidat démocrate à la vice-présidence a repris ce couplet vendredi soir. «Je sais que c'est bientôt Halloween, mais John McCain en candidat du changement? Whaouh, allons donc!», a ironisé Joe Biden. «John McCain et le changement? Il a besoin d'un costume pour ça!»

Pour autant les démocrates savent qu'ils ne sont pas encore arrivés à la Maison-Blanche. Bons sondages ou non, ils n'oublient pas que John McCain a remporté l'investiture républicaine alors qu'il était un temps donné perdant aux primaires de son parti. En allant voir sa grand-mère dont il «n'est pas sûr qu'elle tiendra jusqu'au jour de l'élection», Barack Obama a pris le risque de perdre deux jours de campagne mais pourrait y gagner en popularité.

Samedi, Barack Obama était crédité d'une avance de neuf points sur John McCain (53% contre 44% d'intentions de vote) dans le sondage quotidien Washington Post-ABC News.

Selon un autre sondage de Newsweek, Obama récoltait 53% des suffrages contre 40% pour McCain. La marge d'erreur était de 3,6 points.