Le procès d'Ali Hamza Ahmad al-Bahlul, un Yéménite de 39 ans accusé d'être le propagandiste d'Oussama ben Laden,  commence lundi sur la base navale américaine de Guantanamo (Cuba) devant un tribunal militaire d'exception.

Il s'agit du deuxième procès d'un détenu de Guantanamo devant une commission militaire, une procédure jamais vue depuis la seconde guerre mondiale. Début août, Salim Hamdan, ancien chauffeur de ben Laden, a été condamné à cinq ans et demi de prison pour soutien matériel au terrorisme. La procédure a fait l'objet de multiples critiques de la part des avocats de la défense, tant militaire que civil, mais aussi des associations de défense des droits de l'Homme.

Membre revendiqué d'Al Qaïda, Ali al Bahlul est un personnage très différent de celui qui l'a précédé dans la salle d'audience. Son procès devrait durer trois semaines, selon le Pentagone.

Il est poursuivi pour «complot de terrorisme», «meurtre», «terrorisme» et «soutien matériel au terrorisme». Cet homme, qui a été un des premiers à arriver à Guantanamo début 2002 et à être inculpés et renvoyés devant une commission militaire, encourt la prison à vie.

Le Pentagone lui reproche, outre d'avoir suivi un entraînement militaire dans un camp en Afghanistan et d'avoir prêté allégeance au chef de l'organisation terroriste, d'être le concepteur de plusieurs vidéos de propagande.

Parmi celles-ci, une lui est directement attribuée, intitulée «La destruction du navire de guerre américain USS Cole», qui a fait 17 morts le 12 octobre 2000 au Yémen.

Selon l'acte d'accusation, cette vidéo avait pour objectif de «solliciter un soutien matériel pour Al Qaïda, recruter et endoctriner du personnel pour aider l'organisation (...), ainsi que solliciter, inciter et conseiller les personnes engagées dans des activités terroristes».

Ali al-Bahlul est également accusé d'avoir réalisé la cassette vidéo des «dernières volontés de Mohammed Atta, à la manière d'un martyr». Mohammed Atta est le chef du commando qui a perpétré les attentats du 11-Septembre.

Il devra répondre de la gestion et de la maintenance des appareils de traitement des données et de communications. Le Pentagone lui reproche enfin de s'être lui-même lesté d'une ceinture d'explosifs et de grenades pour protéger son employeur.

Lors des audiences préliminaires, al-Bahlul s'est montré extrêmement défiant vis-à-vis de la commission militaire chargée de le juger.

En mai, il est entré dans la salle d'audience muni d'une pancarte où le terme «boycott» était inscrit à la main, en anglais et en arabe, a rapporté une observatrice de Human Rights Watch présente sur place.

Il a ensuite renouvelé son allégeance à ben Laden et renoncé à sa citoyenneté yéménite parce que le Yémen coopère avec les États-Unis, protestant tant et plus contre la légitimité des Américains de le juger.

En août, selon une observatrice de Human Rights First, il a renouvelé sa volonté de boycott et refusé que son avocat militaire - désigné en remplacement d'un précédent conseil qui ne lui convenait pas - s'exprime en son nom.

Mais, interrogé par l'AFP, le Pentagone s'est dit confiant qu'al-Bahlul soit présent à l'ouverture de son procès lundi, au côté de son avocat, à moins qu'il fasse une demande pour le récuser pendant les débats.

Vingt hommes sur 255 détenus sont actuellement inculpés à Guantanamo et susceptibles de comparaître devant les commissions militaires.