«Amérique, ne crains rien: Israël est derrière toi.» Cette boutade imprimée sur un t-shirt est un classique en Israël. En creux, elle en dit long sur l'image dont jouissent les États-Unis.
«Nous sommes à 100% pro-américains», affirme Yoni, un jeune homme en jean et chandail moulant qui déambule dans la rue Ben Yehuda, à Jérusalem. «Ce sont eux qui nous arment, qui nous défendent, qui font des affaires avec nous. Je ne souhaite qu'une chose: que l'Amérique continue de régner encore très longtemps sur le monde. Et surtout qu'elle ne laisse la place ni à la Chine, ni à la Russie.»
Des quartiers branchés de Tel-Aviv aux faubourg ultra-orthodoxes de Jérusalem, Israël reprend en choeur ce genre de déclaration d'amitié. Et cela dépasse les solides liens stratégiques et économiques qui unissent les deux pays. «Nous vivons à l'heure américaine», constate Rudy Cohen, employé dans une entreprise d'informatique du nord de Tel-Aviv. «Chez nous, il est courant de commencer à travailler en début d'après-midi pour être en phase avec la côte Est. Nous aimons aussi leur culture, leur mentalité, leur mode de vie. Les gens ici s'identifient aux Américains.»
Plus de 700 000 Israéliens vivent d'ailleurs aux États-Unis, et des centaines de milliers d'autres y ont étudié ou travaillé quelques années avant de rentrer au pays. Les événements des dernières années, marquées par la deuxième Intifada et la recrudescence du terrorisme palestinien, n'ont fait que renforcer cette union sacrée. «Bush nous a rejoints dans notre combat contre la terreur. Il n'a pas eu peur de montrer aux Arabes qu'il était de notre côté, au risque de se faire des ennemis», se réjouit Yoni.
«Les Américains restent la seule superpuissance et le principal allié d'Israël», analyse Gérald Steinberg, chercheur au Jerusalem Center for Public Affairs. «Mais au-delà des frictions qui existent autour de l'Iran et de la question palestinienne, la relation entre les États-Unis et Israël est aussi touchée par la perte de l'influence américaine, notamment au Proche-Orient.»