McDonald's, KFC, Cinnabon, Starbucks. Cette enfilade de symboles américains se trouve sur l'avenue de la Ligue-arabe, au Caire, la capitale égyptienne. Cela peut surprendre mais ici, avec les États-Unis, c'est une relation d'amour-haine.

«J'adore les États-Unis «, lance Ragab, 23 ans, à la sortie d'un café très en vogue de Zamalek, quartier résidentiel du Caire. Ce jeune conscrit originaire d'Assouan est fasciné par les États-Unis. C'est un fan de hip hop et de Bob Marley. Pourtant, il admet ne connaître l'Amérique que par l'internet, les films, la musique et la télévision.

 

Comme ailleurs dans le monde, les États-Unis et la culture américaine sont omniprésents sur les rives du Nil. «Les Égyptiens sont hypnotisés par l'Amérique, mais ils ont une image tronquée de la réalité», affirme Hicham Mourad, professeur à la faculté de sciences politiques de l'Université du Caire. «Ils s'imaginent qu'il y a là-bas la liberté totale, des moeurs légères, la vie facile, la richesse à portée de main. Mais ils ne se rendent pas compte que la réalité n'est pas si rose et que, dans certains États, la population est très conservatrice», ajoute M. Mourad.

En fait, une majorité d'Égyptiens vit ce paradoxe et ressent à la fois de la fascination et de l'aversion pour les États-Unis. Selon Mohamed Sayed Said, vice-directeur du Centre d'études politiques et stratégiques d'Al-Ahram, (CEPS), cette ambivalence s'explique par la politique des deux poids deux mesures des Américains au Proche-Orient. «Les Égyptiens et les Arabes en général ressentent une profonde aversion envers ce parti pris dans le conflit israélo-palestinien et la guerre en Irak», estime M. Sayed Said.

L'Égypte a horreur que les Américains se mêlent de ses affaires. Cependant, ces derniers temps, voyant que sa politique n'aboutissait à rien, Washington a semblé plus discret, note le professeur Hicham Mourad. «Le gouvernement égyptien, dit-il, joue très bien son rôle. Il sait quand il faut lâcher du lest ou serrer la vis pour sauver les apparences et montrer que le régime n'est ni trop ferme, ni trop souple.»