«Je veux y aller. Je veux sentir la liberté des États-Unis.»

En cette chaude journée d'août, Jing Bijun cherche l'ombre, assise sur le trottoir en compagnie de son amie, Chen Shengnan. Les deux étudiantes n'ont jamais mis les pieds aux États-Unis, mais elles ont une idée assez claire de la vie des Américains.

«J'aime bien Los Angeles avec son climat... et Hollywood, dit Jibun.

- Il y a des Noirs et des Blancs. Les gens sont ouverts, animés, poursuit Shengnan.

 

- Et la richesse», ajoute son amie.

Ce regard légèrement envieux ne les mène toutefois pas jusqu'à vouloir du modèle politique américain. Là-dessus, elles servent la même réponse que la majorité des Chinois: «Aux États-Unis, le système politique s'est développé au cours d'une longue période, explique Shengnan. En Chine, il y a plusieurs ethnies, beaucoup de monde et beaucoup de gens peu cultivés. Donc, le système américain n'est pas adaptable à la Chine.»

Les étudiantes ont une autre réserve: en cette fin d'août, elles craignaient ce qu'elles s'apprêtaient à entendre des candidats à la présidence. «Pendant la campagne électorale, on va dire des choses pas très bien sur la Chine, dit encore Shengnan. Après, par contre, on va continuer à faire du commerce.»

Elle n'est pas la seule à avoir remarqué que les Chinois sont souvent pris pour cibles en période électorale, question de gagner des votes chez les cols bleus américains. Le professeur Zhao Huamin, qui a fait le même constat, ajoute que les cols bleus américains ne sont pas le seul public cible: il y a des «droits-de-l'hommistes qui militent pour la liberté d'expression et la liberté religieuse», ceux qui sont pris dans l'idéologie de la guerre froide, les protestants et les catholiques «qui ne sont pas contents de la politique de planning familial», des artistes qui veulent que la Chine cesse de coopérer avec le Soudan et la Birmanie... Bref, la liste est longue.

Quand un nouveau président entre à la Maison-Blanche, «pendant les deux ou trois ans, il essaie de répondre aux promesses faites. Puis, on revient à la normale», explique M. Zhao.