Le président américain George W. Bush a signé mercredi la loi promulguant le pacte historique de coopération nucléaire civile entre les Etats-Unis et l'Inde, au cours d'une cérémonie à la Maison Blanche, ouvrant une nouvelle ère dans les relations entre les deux pays.

«Cet accord envoie un message au monde: les nations qui suivent le chemin de la démocratie et qui ont un comportement responsable trouveront un ami en les Etats-Unis», a déclaré le président américain lors d'une cérémonie à la Maison Blanche, en présence de 200 invités.

Validé le 1er octobre par le Congrès américain, ce pacte prend force de loi avec la signature de M. Bush. Et permet au président américain de remporter un de ses derniers grands succès diplomatiques.

Le ministre indien des Affaires étrangères Pranab Mukherjee devrait se rendre vendredi à Washington pour signer officiellement l'accord avec son homologue américaine Condoleezza Rice, selon un haut responsable américain.

L'accord n'avait pas été signé samedi à l'occasion de la visite de Mme Rice à New Delhi, comme c'était pourtant prévu. Mme Rice avait invoqué «des questions administratives», mais, selon des sources du ministère indien des Affaires étrangères, New Delhi souhaitait en fait que l'accord porte le sceau du président américain.

Le pacte, signé en juillet 2005, avait rencontré l'opposition de critiques soulignant que l'Inde n'était pas signataire du Traité de non-prolifération (TNP) et que la signature d'un tel accord pouvait indirectement encourager des pays comme l'Iran à poursuivre leur activité nucléaire.

Pierre angulaire du rapprochement entre les deux puissances, l'accord autorise les Etats-Unis à vendre à l'Inde des réacteurs nucléaires, du combustible à usage civil et des transferts de technologies. En contrepartie, l'Inde s'engage à ouvrir certaines de ses installations nucléaires aux inspections de l'ONU.

Il met fin à des décennies d'interdiction de collaboration nucléaire avec l'Inde et devrait cimenter une nouvelle relation stratégique entre les deux pays.

«J'ai l'honneur de signer la législation qui renforcera les liens toujours plus importants entre les deux plus grandes démocraties au monde», a déclaré M. Bush devant ses invités.

Organisée dans le salon est, l'une des principales salles de réception de la Maison Blanche, la cérémonie a réuni le vice-président américain Dick Cheney, la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, le secrétaire à l'Energie Samuel Bodman et l'ambassadeur indien aux Etats-Unis Ronen Sen.

Des parlementaires américains ainsi qu'environ 200 invités, dont les représentants de la communauté indienne aux Etats-Unis, étaient également présents.

Aucun des deux candidats engagés dans la course à la Maison Blanche, le démocrate Barack Obama et le républicain John McCain, n'a pu répondre à l'invitation «en raison de leurs programmes de campagne chargés», a indiqué un porte-parole de la présidence américaine, Carlton Carroll.

Dixième puissance économique mondiale, l'Inde, troisième pollueur de la planète et qui importe 70% de ses besoins en pétrole, veut 60.000 mégawatts supplémentaires d'énergie nucléaire, représentant 100 milliards d'euros d'investissements dans les quinze ans à venir.

Pour que l'accord américano-indien s'applique, il a fallu que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et le Groupe des 45 pays fournisseurs de technologies nucléaires (NSG) acceptent la reprise du commerce nucléaire avec l'Inde, levant de facto un embargo mondial de 34 années.