Le candidat républicain à la Maison Blanche John McCain avait mercredi moins d'un mois pour tenter de reprendre l'avantage sur son adversaire Barack Obama, mais sa prestation lors du deuxième débat télévisé mardi risque de ne pas suffire à redonner du souffle à sa campagne.

Selon la plupart des éditorialistes de la presse américaine, M. McCain a échoué mardi soir à enrayer la dynamique favorable depuis plusieurs jours au démocrate Barack Obama et certains se demandent ouvertement comment il pourrait désormais remporter la Maison Blanche.

«La course est terminée», affirme ainsi sans ambages l'ancien porte-parole de Hillary Clinton, Howard Wolfson.

«C'est difficile pour McCain, mais une victoire reste faisable», estime au contraire Ken Duberstein, un ancien conseiller de Ronald Reagan.

Il n'y a eu ni grosse gaffe, ni coups gagnants lors du deuxième débat présidentiel, notait la presse américaine mercredi, mais John McCain a besoin, selon les experts, de s'imposer clairement pour relancer sa campagne.

Or, si chacun s'accorde à reconnaître que le sénateur de l'Arizona s'en est sorti plutôt honorablement, il ne semble pas avoir atteint cet objectif.

«On aurait dit deux boxeurs se tournant autour, donnant un coup ici, en prenant un là... mais aucun des deux n'a réussi à mettre KO son adversaire. Le problème pour John McCain était qu'il avait besoin de mettre son adversaire KO», estime Roger Simon, un expert du journal spécialisé Politico.

L'analyste politique de la chaîne ABC (et ancien conseiller de Bill Clinton) George Stephanopoulos a affirmé que M. McCain avait désormais «vraiment le dos au mur».

Selon Chuck Todd, chef du service politique de NBC, «rien n'a changé» avec le débat et «aucun changement, ce n'est pas un bon résultat pour McCain».

Car le temps file. Il restait mercredi 27 jours avant l'élection.

Des sondages publiés avant le débat donnaient une avance de huit à neuf points à M. Obama.

Mais le candidat républicain a démontré dans le passé qu'il était capable de rebondir. Sa campagne était donnée moribonde à l'automne 2007 et une majorité d'experts s'attendaient à ce qu'il jette l'éponge. La suite leur a donné tort.

M. McCain avait prévu de se rendre mercredi dans les Etats clefs de Pennsylvanie (est) et de l'Ohio (nord) pour faire campagne au côté de sa colistière Sarah Palin dont la cote de popularité auprès de la base républicaine ne faiblit pas.

S'il veut espérer gagner en novembre, M. McCain a besoin d'une mobilisation sans faille de cet électorat.

Sur le terrain, le «ticket» républicain se montre extrêmement critique à l'encontre de M. Obama, au risque d'entraîner quelques dérapages. Lundi, un partisan républicain a lancé «tuez-le» au cours d'un meeting où Mme Palin dénonçait «le copinage», selon elle, entre M. Obama et un ancien militant radical d'extrême gauche dans les années 1960. Au cours d'un rassemblement avec John McCain, plusieurs personnes ont crié «terroriste» quand le candidat républicain a demandé: «qui est le vrai Barack Obama?».

Et mardi soir, M. McCain n'a jamais cité le nom de son adversaire, le désignant même à un moment comme «celui-là».

Cette stratégie de diabolisation de l'adversaire, si elle peut séduire une partie de l'électorat républicain, pourrait en revanche faire fuir les indépendants.

Selon l'expert républicain Greg Mueller, «McCain a besoin de transformer l'élection en un referendum sur Obama» et convaincre les Américains que le programme du candidat démocrate est «dangereux pour l'Amérique».

Mais M. McCain «doit aussi rassurer les Américains et pas seulement la base républicaine», a estimé M. Duberstein.