Qui est le véritable Barack Obama, selon les partisans de John McCain et Sarah Palin?

A) Un terroriste.

B) Un traître.

C) Peu importe, il faut le tuer.

 

D) Toutes ces réponses.

Ceux qui ont sélectionné D ont vu juste. Depuis lundi, des partisans républicains ont proféré plusieurs insultes inqualifiables à l'égard d'Obama lors de rassemblements politiques de McCain et Palin.

Pourquoi sont-ils subitement si déchaînés? Pourquoi se mettent-ils à hurler des insultes et des menaces (l'un d'eux a carrément crié: «Tuez-le!») en réponse aux discours des deux membres du ticket républicain? À cause de la teneur de ces discours.

McCain et Palin, acculés au mur, se sont mis à attaquer Obama en bas de la ceinture de la façon la plus déloyale qui soit. Ils flirtent avec le racisme, tentent de semer le doute à son sujet, sachant très bien qu'il prête flanc à ce genre d'attaques à cause de la couleur de sa peau, de son nom et de son parcours si particulier.

On savait donc que c'est un McCain plus agressif qui se présenterait hier au deuxième débat des candidats à la présidence.

À chaque question, McCain a passé à l'attaque presque systématiquement, l'air tendu, les dents serrées.

En vrac, il a dit qu'Obama aura besoin d'être «entraîné» en matière de politique étrangère après avoir été élu. Qu'Obama va faire grimper les impôts. Qu'Obama n'est pas prêt à travailler avec les républicains à Washington pour régler les problèmes. Qu'Obama a reçu une fortune pour sa campagne de la part des assureurs hypothécaires Fannie Mae et Freddy Mac. Et ainsi de suite.

Premier problème de McCain: sa proie ne voulait pas collaborer. Pas du tout.

Obama a répliqué vigoureusement à toutes les critiques. Il a dénoncé McCain à son tour et trouvé le moyen de donner l'impression qu'il aspirait à plus que ces mises en échec. Il a dit être certain que le public n'était pas intéressé à voir «des politiciens se montrer du doigt».

Deuxième problème de McCain: il est difficile de se montrer rassurant en étant cinglant, voire méprisant. C'est donc Obama qui, comme dans le premier débat, a semblé le plus convaincant sur les enjeux économiques, la priorité des Américains.

Plus calme, presque zen, Obama avait l'air d'un père de famille qui s'inquiète pour le sort de ses enfants. Il a adopté une approche personnalisée: il a cité avec précision, par exemple, le prix d'un gallon d'essence à Nashville, et parlé du mal qu'avait eu sa mère, atteinte du cancer, à payer pour ses soins.

Le candidat démocrate a gagné, donc. Mais une stratégie de «diabolisation d'Obama» - pour reprendre l'expression qu'a utilisée hier mon collègue Richard Hétu sur son blogue - vient d'être mise en oeuvre. L'impact des débats est devenu incertain. Les attaques lancées au quotidien d'ici la fin de la campagne, notamment dans les pubs négatives des républicains, pourraient jouer un rôle plus important.

Rappelez-vous comment John Kerry avait laminé George W. Bush lors du premier débat, en 2004. Le président avait subi une véritable dégelée. Mais il avait par la suite réussi à instiller de nombreux doutes au sujet de son rival dans l'esprit des Américains.

La stratégie avait permis à Bush d'être réélu. Elle conduira peut-être McCain à la Maison-Blanche.