Les stratèges du républicain John McCain vont devoir trouver les moyens de redonner du tonus à la campagne de leur champion à un mois de l'élection présidentielle, malgré la bonne performance de sa colistière Sarah Palin lors du seul débat télévisé des candidats à la vice-présidence.

«Sarah Palin a traversé le débat sans causer de dégâts au ticket républicain», estimait vendredi le New York Times, mais beaucoup d'experts doutent que cela suffise pour inverser la tendance, plutôt défavorable à ce ticket.

La colistière du sénateur de l'Arizona a évité toute gaffe majeure, esquivant les questions quand elles étaient embarrassantes. Spontanée et dynamique, elle a multiplié les expressions populistes et gardé le sourire en toutes circonstances.

Les sondages réalisés à l'issue du débat ont cependant donné la victoire au démocrate Joe Biden. Le colistier de Barack Obama n'a cessé d'associer John McCain à George W. Bush sur les questions de politique étrangère et son sérieux et son calme ont semblé rassurants à côté du débit parfois frénétique de sa rivale.

Selon les experts, l'incidence de ce débat sur la campagne devrait être plutôt faible. «Ce n'était pas l'affreuse nuit dont avaient peur les républicains. Mais ce n'était pas non plus l'occasion pour eux de reprendre l'avantage sur Barack Obama dans les sondages», estimait le New York Times.

Plusieurs sondages publiés cette semaine accordent une avance sensible au niveau national au sénateur de l'Illinois. Surtout, M. Obama fait désormais la course en tête dans plusieurs Etats clefs comme l'Ohio ou la Floride.

Preuve du désarroi du camp républicain, M. McCain a renoncé à faire campagne dans le Michigan, un Etat clef comptant 17 grands électeurs, remporté par John Kerry en 2004 mais que le camp républicain espérait gagner en novembre. Le sénateur de l'Arizona a dépensé environ 8 millions de dollars en campagnes publicitaires dans le Michigan.

L'ancien stratège de M. Bush, Karl Rove, considéré comme l'architecte des victoires du candidat républicain en 2000 et 2004, a publié cette semaine sur son site internet une carte montrant que M. Obama disposerait à l'heure actuelle de 259 grands électeurs -onze de moins que la majorité nécessaire de 270 pour devenir président- contre 163 à M. McCain. Selon M. Rove, neuf Etats demeureraient indécis, dont le New Hampshire et le Minnesota (14 grands électeurs à eux deux) qui avaient été remportés en 2004 par M. Kerry.

Pour renverser la tendance, les stratèges de M. McCain ont décidé de porter leurs efforts dans six Etats: Floride, Missouri, Caroline du Nord, Virginie, Indiana et Ohio.

Hormis le Missouri où les deux candidats font pratiquement jeu égal, avec un léger avantage pour M. Obama selon un récent sondage de CNN, le sénateur de l'Illinois est crédité dans tous ces autres Etats d'une sensible avance.

Les démocrates de leur côté placent beaucoup d'espoir dans des Etats de l'ouest qui avaient voté républicain en 2004 comme le Nouveau-Mexique, le Colorado, où M. McCain était en campagne vendredi à Denver, et le Nevada (19 grands électeurs au total).

Ils comptent notamment sur les nouveaux inscrits sur les listes électorales pour faire la différence. Au Nevada, les démocrates peuvent compter sur 80.000 nouveaux électeurs de plus que les républicains. En 2004, M. Bush avait remporté cet Etat avec 60.000 voix d'avance.

Les démocrates ont enregistré des gains en terme d'inscriptions sur les listes électorales dans tous les Etats indécis.

La question est de savoir si les démocrates réussiront à persuader ces nouveaux inscrits de se déplacer dans les bureaux de vote le 4 novembre. «Convaincre les nouveaux électeurs de s'inscrire sur les listes électorales est une chose, les convaincre d'aller voter en est une autre», essaie de se rassurer Rich Beeson, un responsable des études politiques du parti républicain.