«Jeeeeeeeeesus.» À ses 200 fidèles enthousiastes, le pasteur ed kalnins demande de «soulever» le nom du Christ. dans l'audience, des cris et des pleurs s'élèvent. des mains se tournent vers le ciel. au premier rang, une femme murmure dans une langue incompréhensible. tous, ils espèrent que l'esprit saint envahira la petite église. L'endroit n'a pas autant l'air d'un lieu de culte que d'une salle de concert. Un groupe rock de 10 jeunes croyants entonne des airs demandant à dieu de se «déverser sur eux comme du feu». les jeux de lumière ajoutent à l'effet dramatique.

Tous, ils espèrent que l'Esprit saint envahira la petite église. L'endroit n'a pas autant l'air d'un lieu de culte que d'une salle de concert. Un groupe rock de 10 jeunes croyants entonne des airs demandant à Dieu de se «déverser sur eux comme du feu». Les jeux de lumière ajoutent à l'effet dramatique.Au Wasilla Assembly of God (l'Assemblée de Dieu), c'est un dimanche comme les autres. À l'entrée de l'église, une petite pancarte indique aux journalistes qu'aucun pasteur ou fidèle n'accordera d'entrevue concernant les croyances de Sarah Palin, la plus célèbre des pupilles de cette communauté pentecôtiste.

Celle qui croisera le fer avec Joe Biden ce soir est née dans une famille catholique, mais a été baptisée une seconde fois à l'âge de 12 ans entre les murs de l'Assembly of God. Elle y a passé la majorité de ses vendredis soir et de ses dimanches, de l'adolescence jusqu'à ses 38 ans. Depuis 2002, elle fréquente une église évangélique, la Wasilla Bible Church, mais garde des liens étroits avec l'Assembly of God.

En 2005, lorsqu'elle a décidé de se présenter au poste de gouverneure de l'Alaska, elle y a été bénie par l'évêque Thomas Muthee. Récemment, une vidéo de cette séance a ressurgi dans l'internet. On y voit le pasteur kényan demander à Dieu de protéger Sarah Palin de Satan et de la sorcellerie. Cet été, la politicienne a prononcé un discours dans cette même église, qualifiant la guerre en Irak d'oeuvre de Dieu.

Omerta religieuse

Assommés par l'attention médiatique qu'attire leur église depuis que le candidat républicain à la présidence a choisi Sarah Palin comme colistière, ses responsables se font discrets. Ils offrent aux journalistes de passage une tasse à leur effigie pour se faire pardonner leur silence.

Mais le chef spirituel de l'endroit n'a pas toujours été aussi silencieux. Dans plusieurs entrevues, Ed Kalnins a admis croire que l'homosexualité est un choix. Que le créationnisme devrait l'emporter sur la théorie de l'évolution. Qu'il ne voterait jamais pour un candidat pro-choix. L'église pentecôtiste a aussi la réputation de prôner l'abstinence avant le mariage.

Depuis le début de sa carrière politique, Sarah Palin a déjà démontré qu'elle partage plusieurs des idées de l'Assembly of God la candidate à la vice-présidence s'oppose à l'avortement même en cas d'inceste ou de viol; elle a déjà plaidé en faveur de l'enseignement du créationnisme dans les écoles de l'Alaska (sans avoir gain de cause) et a mené une campagne contre le mariage gai.

Deux églises, un électorat

Plus sobre, la nouvelle église que la famille de Sarah Palin fréquente, la Wasilla Bible Church, n'aime pas étaler ses idées sociales sur la place publique. «Il n'y a qu'un texte pour nous et c'est la Bible, a dit à La Presse le pasteur principal, Larry Kroons. Nous basons toutes nos croyances sur la Bible.» L'homme de religion affirme ne jamais influencer les choix politiques des milliers de personnes qui assistent à ses services au cours desquels il explique les passages de la Bible à l'aide de présentations PowerPoint.

Mais il est peut-être l'exception qui confirme la règle. Le vote des évangéliques a fait toute la différence lors de la réélection de George W. Bush. Représentant 23% de l'électorat américain, ils ont voté en bloc pour le candidat républicain en 2004.

Avant qu'il n'arrête son choix sur Sarah Palin, John McCain, jugé trop à gauche par les supporters républicains les plus conservateurs, avait des rapports difficiles avec les grands leaders évangéliques américains. Les experts de la politique américaine s'entendent pour dire que la nomination de la politicienne alaskienne, ouvertement pieuse, n'avait rien d'anodin.

Et c'est ce soir, lors du débat vice-présidentiel, que les électeurs américains pourront voir la place qu'accordera la candidate à la vice-présidence aux opinions de l'Église qui l'a vue grandir.